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Interview de Dahlia Bellaïche, programmatrice musicale du Jazz Club Etoile

“Les dahlias sont des plantes magnifiques et polyvalentes qui proposent une grande variété de couleurs, de formes et de tailles de fleurs pour tous les goûts.

le dahlia est synonyme de reconnaissance, d’allégresse et d’amour. Il est toujours associé à une idée positive ou à un remerciement.”

On tombe précisément sur la définition de Dahlia BELLAÏCHE qui est depuis 2018, la programmatrice musicale du Jazz Club Etoile Paris.

Magnifique, Polyvalente (elle sait tout faire). Elle aime les talents et les graines de talents. Elle travaille avec passion, et les artistes s’attachent à elle.
Tout en conservant l’âme du Jazz Club Étoile Paris, qui fêtera ses 50 ans en 2025,  elle impose avec justesse des artistes fabuleux deux soirées par semaine (le jeudi et le samedi).

Ce n’était pourtant pas facile de reprendre le flambeau après Jean-Pierre VIGNOLA, surnommé le saltimbanque du Jazz.

Mais Dahlia l’a fait, et grâce à elle, le Jazz Club Etoile continue d’être une vraie belle adresse incontournable à Paris.

Réservez votre table ! Vite 🙂

INTERVIEW 

DB : Bonjour, je m’appelle Dahlia BELLAÏCHE.
Je suis la programmatrice musicale du Jazz Club Étoile qui est au sein de l’hôtel Méridien.
Je suis arrivée en décembre 2018.
J’ai vraiment commencé à prendre mes fonctions en janvier 2019 derrière le programmateur historique, jean-Pierre VIGNOLA qui était là depuis pas mal d’années.

DP  : Tu es musicienne à la base. Tu chantes ?
DB : Je suis musicienne oui.
J’ai fait une école de jazz, qui s’appelle le CIM.
Je chantais pas mal de jazz au début. Après je me suis plutôt dirigé vers la Soul et le Rythm and Blues.
On était considéré comme des rebelles au CIM lorsqu’on faisait ça.
C’est pour ça que je suis assez ouverte au niveau du style musical!
J’étais choriste pour des groupes africains, dans la variété française avec Nicoletta.
J’ai fait un petit passage par Joey Starr.

Dahlia, choriste, avec Nicoletta – 2012

J’ai vraiment mélangé les styles. J’ai fréquenté tout type de musiciens, d’ambiances et de concerts.
Du coup ça m’a ouvert la feuille et l’amour de la musique en général lorsqu’elle est bien faite.
Avant moi, le Jazz Club était un haut lieu du blues et du jazz traditionnel, celui des big-bangs, du swing. Ce qui est génial, parce que c’est la racine tout ce genre de musique.
C’est vrai qu’aujourd’hui j’ouvre sur cette racine, mélangée avec une musique plus moderne, comme le hip-hop mélangé au jazz et avec des gens qui ont des projets à défendre.

DP : Aurais-tu une anecdote pimentée qui te soit arrivé au jazz club étoiles depuis que tu y es ?

DB : Il y en a une bien marquante que je vais te raconter.
C’était le groupe de Mike ANDERSEN, qui est un chanteur danois qui chante du blues avec une touche de soul.
Il est assez inclassable parce qu’il a une voix de crooner de blues. Il est accompagné d’excellents musiciens.
Au Danemark, il y a du niveau dans le milieu des musiciens ! C’est un grand gars avec une barbe, bel homme, enfin bref…

Mike Andersen – Jazz Club Etoile 2022
Photos © Cindy Voitus

Et donc il arrivait du Danemark, le jour du concert par Lufthansa. Sauf que lorsqu’il est arrivé, Lufthansa avait perdu tous leurs bagages et leurs instruments.
Donc, à 14h avec une salle pleine à craquer le soir, pas d’instrument, pas de vêtement, rien!
J’ai appelé mon copain, Johan DALGAARD qui les connaît très bien, parce qu’il jouait de la musique avec eux quand il était plus jeune, et je lui dis ” il faut que tu me sauves la mise là !”
J’ai des instruments à trouver, et je suis allée chercher une guitare, une basse etc. pour qu’ils puissent  jouer le soir. J’ai réussi à être à l’heure à la balance !
Ils sont partis en face, acheter des vêtements. Il n’y avait que Zadig et Voltaire qui était ouvert, alors je pense que leur cachet y est passé !
Mais, nous n’étions pas au bout de nos surprises !
En plein concert, la guitare électrique de Mike a lâché ainsi que la basse.
Comme nous sommes tous des Warriors, on a réussi à trouver un fer à souder et on a carrément soudé les files de la basse, en plein concert !
Aussi bien pour eux que pour moi, ça a été une soirée éprouvante dont on se souvient.

Et tout ça, le flegme danois nous a sauvé la vie car ils n’ont absolument pas paniqué, ils sont restés intacts et il m’a dit : “bah ce sont du bois et des cordes, on va s’en sortir !”

Ils ont vraiment très très bien joué et j’espère les accueillir dans de très bonnes conditions la prochaine fois qu’ils viennent à Paris.

DP : Comment choisis tu les artistes ? Comment ça se passe ?

DB : Il y a beaucoup de gens qui m’envoient leurs musiques.
Je reçois énormément de mails, soit des articles directement, soit les tourneurs, soit les boîtes de production, soit les labels.
J’écoute, et lorsque j’ai un coup de cœur, je programme.
J’ai la chance d’avoir carte blanche.
Et je peux programmer des artistes qui ne sont pas forcément connus.
C’est ce qui est passionnant ici.

D’un côté il y a les têtes d’affiche où je suis sûre que je vais remplir à 100 %. Et je me permets ces coups de cœur.
D’ailleurs il n’y a pas longtemps il y a un groupe qui venait des États-Unis, les Fantastic Cat.
C’était un concert, incroyable ! Une espèce de Beatles version un peu plus rock qui était absolument génial.

Ils ont tous une carrière solo. Ils se sont regroupés pour former un groupe. Ils ne sont absolument pas connus ici, mais gros coup de cœur, je les ai programmés et la salle était pleine.
Après, c’est un coup de poker.
J’aime ce sentiment de découvrir une pépite, de gens qui ne sont pas connus, mais qui sont excellents et leur donner leur chance de jouer à Paris pour se faire connaître. C’est un vrai plaisir.

J’ai un très bon rapport avec les équipes du Jazz Club Etoile et ils me font confiance.
Après, c’est un challenge ! Il faut que ça marche ! Il faut que la salle soit remplie.
Effectivement, sur la programmation musicale et l’artistique, je suis assez libre.

Depuis cette vague,  (la Covid) qui a mobilisé le monde entier pendant un peu plus d’un an et demi, cela a réduit le nombre de concerts. Donc pour le moment il n’y a des concerts que le jeudi et le samedi soir. Nous allons reprendre la cadence j’espère très bientôt.

Je reçois beaucoup de musique à écouter, mais je ne peux pas toutes les passer en revue.
En même temps que je programme,  je m’occupe de toute l’organisation du concert
Donc j’ai un très gros retard d’écoute, une pile importante de cds et vinyles, et je me suis même rachetée une platine pour écouter tout ça.
Je ne vais pas me plaindre, parce que c’est un métier merveilleux.
Chaque mois, j’essaye de mélanger les styles musicaux, les gens connus, les gens moins connus.
Il va avoir du blues, et puis du Jazz Manouche avec le parrain de ces soirées, Thomas DUTRONC qui est un habitué du Jazz Club.
Même chose avec Mathieu  CHATELAIN.
Il y a aussi quelqu’un qui est devenu une amie qui s’appelle  Aurore VOILQUÉ qui est une violoniste. Elle m’envoie toujours des artistes à écouter parce que auparavant elle faisait  de la programmation au Jazz Café Montparnasse.

DP : Parles moi de la carte de membre…
Et il y a une carte de membre du Jazz Club qui amène beaucoup d’avantages dont 20 % sur l’addition ce qui n’est pas rien.
Il y a aussi un an pour recevoir le Jazz Magazine numérique
C’est une carte que l’on prend à l’année, ce qui fidélise la clientèle qui vient parfois sans même savoir quels sont les artistes programmés.
Ils découvrent ainsi des artistes qui les suivent, ensuite, sur les réseaux sociaux, ou YouTube, Spotify, etc.
Et moi je commence à connaître les gens aussi, car je suis là à chaque concert il y a donc aussi ce rapprochement avec le public qui est super intéressant.
J’ai même les enfants des parents qui venaient à l’époque que ce soit dans le public ou les musiciens eux-mêmes.
J’ai reçu le neveu de BB King, il n’y a pas longtemps car BB King a lui-même joué sur cette scène.
Son neveu joue de la musique un peu PopRock, du blues évidemment en toile de fond.

Le Jazz Club va fêter ses 50 ans en 2025. C’est quand même un des plus vieux Jazz Club de Paris qui a une histoire incroyable

On se passe le flambeau de génération en génération.

Il offre une formule dîner-concert qui permet de profiter du spectacle tout en savourant un repas avec entrée, plat et dessert, préparé par le chef. Il a une capacité de 200 places et une scène incurvée qui favorise l’intimité entre les artistes et le public. Le Live prend ici toute son importance.


DP : Tu dois être invitée partout dans le monde ?

DB : Oui, c’est vrai que je suis invitée partout dans différents pays car je rencontre pas mal d’artistes internationaux.
Le Danemark, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande…
Je vais avoir un Néo-Zélandais dans pas longtemps.
C’est vrai que je me fais des amis dans le monde entier et bientôt j’aimerais voyager pour les rencontrer dans leur pays.
En premier, la Nouvelle-Orléans où j’aimerais découvrir cette musique sur place pour voir comment ça se passe
J’avoue que je crée des liens avec les musiciens. C’est assez sympa.
J’arrive à créer même des amitiés. Et du coup ils me conseillent leurs copains 🙂
Propos recueillis par Dominique Planche

Pour Réserver au Jazz Club Etoile, c’est ici 

Site officiel du Jazz Club Etoile Paris

Facebook du Jazz Club Etoile Paris

Instagram du Jazz Club Etoile Paris

81 Boulevard Gouvion-Saint-Cyr 75017 – Paris

 

 

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