Interview et reportage photos du groupe Cachemire au Trianon
“Le cachemire est connu pour être doux au toucher et isotherme, la laine cachemire est particulièrement appréciée pour ses qualités hygroscopiques et ses propriétés isolantes. En effet, le cachemire s’adapte en fonction de l’humidité de l’air ce qui explique pourquoi il est bien plus chaud que la laine tout en étant plus léger.”
A lire comme ça la définition du mot Cachemire, j’essaye de comparer avec le groupe qui fête ses 10 ans d’existence dans le monde du Rock français mais à pars “l’adaptation en fonction de l’humidité de l’air”, j’imagine que niveau douceur , elle doit exister mais de façon confidentielle…
Il y a bien des mots qui riment : (écrire, gémir, dormir, blêmir, mourir, pourrir, abolir, bondir, applaudir, atterrir, bâtir, rougir, jouir…)
C’est parti…
Paris, le 24 Mars 2023 – Le Trianon
C’est dans la loge du Trianon, que le groupe Cachemire arrive, et ce prête avec bonne humeur à mon interview.
Tous assis sur le canapé, je suis presque intimidée.
INTERVIEW
– Bonjour , je suis Seb je pratique la basse Electrique à 4 cordes pour la société Cachemire basée dans le 49 et 44
– je suis Sven, je fais la guitare au sein du groupe Cachemire
– moi, je suis Fred, je suis le chanteur et un petit peu guitariste de l’orchestre Cachemire
– bonjour, Roland, guitare, Cachemire
Farid : avant nous avions un projet en commun, donc nous nous connaissons depuis très très longtemps. Et puis Sven est venu se greffer fin 2014. Les fidèles du groupe
Fred : moi j’ai été élu le plus beau bébé de France 🙂
Fred : on a toujours baigné dans le Rock. On a quasiment fait que du Rock français d’ailleurs
Par contre, sur scène on est des sauvages! On aime les gens, la communication avec eux, et ce soir on est même honoré et toujours surpris qu’il y aient des gens qui se déplacent pour venir nous voir ! Donc à chaque fois on est comme des enfants devant le sapin de noël et encore plus ce soir, au Trianon.
Je suis un peu un sauvage.
Seb : « ont ira » 🙂
Fred : ou les cédilles sur les ça ou les S pour « sa va »
Fred : dans la joie oui avec une petite sueur sous les bras de stress mais dans la joie quand même ! Dans la tension aussi. C’est notre première fois au Trianon.
Mais on ne connaît pas bien Paris. Nous y venons trop peu !
Nous sommes honorés qu’il y ait tant de monde ce soir…
Farid : Lio mais non, Stromae mais il est malade.
DP : ce soir, allez vous chanter des reprises ?
Fred : il y a une reprise avec Yarol, on va faire « Fils de personne » qui est le titre de son dernier album,
Fred: oui il y a un souci de poubelles … va falloir travailler ça
Farid: les voir encore plus nombreux la prochaine fois dans des grandes salles comme le Trianon
Fred : prenez l’exemple de notre public nantais! Faites beaucoup de km pour aller dans des concerts.On a des gens de Nice, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Brest, Lille, Caen, Toulon, des gens qui bougent partout.
Peut être ça le conseil que je donnerais aux parisiens : tout ne se passe pas à Paris ! Il y a beaucoup de choses dans notre région nantaise bien rock n roll aussi !
GALERIE PHOTOS DU CONCERT
Il y a 10 ans, Cachemire entrait dans le rock à coups de talons dans la porte, lançant par la même occasion un pavé dans la mare des puristes prouvant que celui-ci n’était pas l’apanage du phrasé anglais.
En 2018, 2ème album dans la même veine « rockailleuse » et confirmation – s’il fallait encore en douter – que les 4 garçons n’étaient pas un accident. Un fétu de paille. Qu’on était plutôt sur un feu d’artifice.
Avec ce Dernier Essai, l’adage « jamais 2 sans 3 » pouvait-il alors se vérifier ? Ne ménageons pas le suspens et notre plaisir, la réponse est oui. Définitivement oui. Assurément oui. Et pardonnez ce jeu de mot « rugbylistique » des plus faciles, mais l’essai est bel et bien transformé (à l’instar de la chanson éponyme). Sublimé même.
Car on aurait pu croire que ce 3ème album sonnerait comme un ultime round, un dernier tour de piste, une épitaphe bien sentie qui ferme le band d’un « Allez vous faire foutre. Nous, on se casse ». Pas du tout.
Cachemire est là et bien là, ancré, avec toujours cette irrépressible envie chevillée au corps et au cuir de réveiller les consciences face à nos contradictions et aux enjeux colossaux qui nous attendent. Dans les guitares rageuses de « Je », le groupe dénonce l’égocentrisme – voire l’égotisme – de l’Homme et son petit « h » d’humanité. « Influenceur », au refrain galopant et entêtant, met le doigt sur notre société binaire, manichéenne, manipulatrice et manipulée derrière nos écrans de fumisterie. Quant à « Freeman », il nous interroge justement sur notre – pseudo ? – liberté d’agir et de penser. Mais au milieu de cette descente apnéïque, des paliers de respiration avec notamment un chœur d’enfants (« Les Petits Poings ») et un cœur d’amour (« Plus Tu Me ») qui rappelle que dans le fond il n’y a que ça qui compte.
Plus que des messages moralisateurs, ce sont 14 courts métrages que le groupe nous propose de « regarder ». Parce que oui, Cachemire ne juge pas, ne donne pas de leçons. Mais il observe, constate, ressent et nous pose une question très simple : qu’est ce qu’on fait maintenant pour que la galère ne devienne pas épave ?
Et bien, on l’ouvre. On crie. On hurle. On se décomplexe. En force et en riffs.
Les aficionados retrouveront le piquant, le sel, la pâte abrasive « punk rockienne » du groupe. Ça joue. Fort. Ça cadence. Vite. Pas de temps morts. Pas de relâchement. C’est nerveux dans l’os. Tendu dans l’artère.
Mais le curseur de la console est désormais un cran au-dessus. Pas dans la puissance. Dans la subtilité. Il y a de la malice dans ce Dernier Essai. Au détour d’une grosse guitare ou d’une batterie très tapée, une envolée de cordes, la rondeur de cuivres, le doigté d’un banjo ou encore les réminiscences d’un son 80’s. Fred BASTAR a toujours ce gros grain poivré dans la voix mais désormais elle s’ouvre sur d’autres chemins. De traverse. Plus aigus. Plus hauts. Comme si elle s’assumait. Enfin. Ce 3ème album de Cachemire est un album d’amplitude. Les cages thoraciques des corps, les caisses de résonnance des instruments sortent des sentiers battus, se déploient et prennent la place qu’elles se devaient de prendre et ce, grâce aux arrangements plus audacieux d’un François Maigret « Shanka » de No One Is Innocent.
Ce Dernier Essai est donc loin d’être une esquisse. C’est un coup de maître dans le plexus. Et il donne, par la même occasion, un très bel aperçu du champ des possibles qui s’offre désormais à Cachemire. Parce que croyez-le, les 4 garçons n’ont pas fini de nous montrer qu’ils en ont sous le capot.
Cachemire, je ne dirais pas que c’est du velours (sauf peut-être au touché) mais du cuir avec des clous, des yeux de braise et une présence sur scène enflammée.
Texte dossier de presse
Site officiel du groupe Cachemire
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