Jacques et Chirac : rire grinçant sur un président, biopic satirique d’une vérité qui fait mal
Jacques et Chirac au Splendid
Le spectacle qui se donne actuellement tous les mercredis à 19h au Splendid est une pépite d’humour et de satire politique effrénée.
Trois acteurices enchainent une vingtaine de rôles plus truculents les uns que les autres pour raconter l’histoire de Jacques Chirac intime et public : Jacques et Chirac.
On apprend des faits, on en révise d’autres, tout est historique mais traité avec une drôlerie à toute épreuve.
Régis Vlachos incarne le grand échalas tantôt sympathique, tantôt d’un cynisme répugnant, il commence par l’enfance où l’on comprend que, le père de Jacques Chirac étant le banquier et ami de Marcel Dassault, ce dernier a dès l’enfance misé sur le jeune homme pour en faire le parfait poulain politique qui servira ses intérêts financiers.
Le jeune homme qui vendait le journal L’Humanité sur les marchés et avait des idées de gauche, se laisse ainsi dévorer les convictions par l’influence combinée de son père et de « Tonton Dassault ».
Il est tout d’abord manipulé, puis il accepte de l’être, Dassault lui achète même un journal local pour mener à bien la campagne en Corrèze qui lui servira de tremplin électoral.
C’est ainsi que l’on voit toutes les étapes de la carrière de Chirac, et le renoncement idéologique de Jacques qui devient le roi de la magouille politique et financière. Actionnant la pompe à fric de la Francafrique, se servant dans budgets et avantages de la mairie de Paris, caracolant à serrer des mains ou à aller à la rencontre des vaches au Salon de l’agriculture, il ne s’embarrasse d’aucune morale. Il n’y a qu’au cul des bêtes ou
avec ses amis d’enfance en Corrèze que Chirac redevient Jacques l’enthousiaste désintéressé qu’il était dans son jeune âge.
Puis il repart pour la capitale et succombe à nouveau au cynisme. Une sorte de Docteur Jekyll et Mister Hyde à la française.
Le jour de son élection à la présidence de la république, tous les dictateurs sanguinaires africains sabrent le champagne, ils savent qu’ils peuvent compter sur lui pour permettre une politique criminelle sur le continent noir. Mobutu, par exemple, massacrera son propre peuple en toute impunité.
Côté cœur, Jacques a renoncé à une amoureuse américaine pour devenir un Chirac marié au parfait parti que sa famille et Dassault lui imposent : Bernadette. Il reçoit ensuite ses conquêtes féminines dans un appartement du 7ème arrondissement et a coutume de dire « Je ne trompe pas ma femme, je me suis trompé de femme. » Claude Chirac est là, bien sûr, à essayer de canaliser les débordements de son père.
En fond de scène, un mur d’écrans qui nous remet dans les époques de l’épopée Chiraquienne et servent de portes qui claquent dans cet étrange et réussi Vaudeville politique. Leur utilisation est intelligente. Sur le côté, un poste de télévision didactique nous explique ponctuellement qui l’on voit s’agiter sur scène avec Chirac : Marie-France Garaud, Pierre Juillet, Pasqua, Sarkozy, par exemple, qui lui jure de ne jamais le trahir…
Abreuvé d’argent facile, illégal et immoral, Chirac perd l’âme idéaliste de Jacques, Chirac vend son âme au diable…sur un rythme de tous les diables !
Bravo à Régis Vlachos (auteur de la pièce et acteur jouant Chirac), Marc Pistolesi qui joue et met en scène, et Charlotte Zotto, actrice et adaptatrice du texte pour la scène. Notez que Pistolesi joue en alternance avec Serge Ayala.
C’est drôle, instructif et grinçant. Edifiant. A voir !
Ce spectacle a reçu le Prix Ethique 2024.
Par Anne Vassilière
AU SPLENDID
Reservations
Du 5 novembre au 17 décembre Tous les mercredis à 19h
Distribution :
Équipe artistique :
- Une pièce de Régis Vlachos
- Mise en scène : Marc Pistolesi
- Régie : Maxime Gosset
- Création son et vidéo : Cédric Cartaut
- Lumières : Thomas Rizzotti
- Décor : Jean Marie Azeau
- Chorégraphies : Mathilde Ramade
- Costumes : Coline Faucon




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