Interview de Paul Jorion, le Shaman de la finance
Vendredi 22 Février 2013
C’est un jour glacial à Paris.
J’ai choisi le fumoir de l’Hôtel Hidden pour interviewer Paul Jorion.
Cela fait bientôt deux ans que j’entends parler de cet intellectuel que les médias consultent dès que l’économie du monde s’enrhume.
Ses commentaires sont des avis ciselés et percutants que les décideurs écoutent avec respect, et ses prédictions sont redoutées ;
le Shaman est à la fois « sage, thérapeute, conseiller, guérisseur et voyant ».
Son blog est très fréquenté et abondamment commenté par les intellectuels de tous poils ; anthropoblogues, socioblogues, éconoblogues, politoblogues, et même des journalogues. Prophète éclairé pour les uns, incorrigible pessimiste pour d’autres, chacun écoute l’oracle, comme on suivrait la météo de la finance.
Dans sa rubrique hebdomadaire du vendredi : « Le temps qu’il fait », il met volontiers sa sympathique figure, rieuse et rassurante, face à sa webcam pour improviser ses appréciations sur l’agenda de sa vie de conseil.
J’avais été interpellée par un onglet sur son blog : « Donation, pourquoi ? ». Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas se laisser rétribuer en retour de paroles que l’on donne ? La liberté, une évidence.
Puis bien sûr, sa façon d’écrire et de parler sur l’économie, le jazz, Fukushima et les “Spahettis Vicomte” ont eu raison de mon attention curieuse…
La bande dessinée “La survie de l’espèce”, lucide comme un manifeste, avec Grégory Maklès (Dessinateur) et Paul Jorion (scénario) m’a séduite. L’association de l’érudition intellectuelle et de la bande dessinée, de l’esprit et du trait, de l’image et du sens, a fini de me convaincre de le rencontrer, au feeling.
L’heure approche et je suis arrivée en avance. Je bois un café et plonge encore une fois sur le “Wikipedia” de Paul Jorion. (On en pense ce qu’on en veut, mais moi, Wikipédia, c’est mon Reader Digest ;)).
Il ne faut pas que je fasse de boulette.
Je n’ai pas l’habitude d’interviewer un homme chercheur en sciences humaines, un intellectuel, un penseur.
Né à Bruxelles, il a fait usage des mathématiques dans de nombreux champs disciplinaires: anthropologie, sciences cognitives, économie, finance etc. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages :
– Les pêcheurs de Houat : anthropologie économique, coll. « Savoir », Hermann, Paris, 1983
– La transmission des savoirs (avec Geneviève Delbos), éd. de la Maison des sciences de l’Homme, Paris, 1984
– Principes des systèmes intelligents, Dunod, Paris, 1997 (original éd. Masson, 1990)
– Investing in a Post-Enron World, McGraw-Hill, New York, 2003
– Vers la crise du capitalisme américain ?, La Découverte, Paris, 2007 ; Éditions du Croquant, Broissieux, 2009
– L’implosion : la finance contre l’économie : ce qu’annonce et révèle la « crise des subprimes », Fayard, Paris, 2008
– La crise : des subprimes au séisme financier planétaire, Paris, Fayard, 2008
– L’argent, mode d’emploi, Paris, Fayard, 2009
– Comment la vérité et la réalité furent inventées, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 2009
– Le prix, Broissieux, Éditions du Croquant, 2010
– Le capitalisme à l’agonie, Paris, Fayard, 2011
– La guerre civile numérique, Paris, Textuel, 2011
– Misère de la pensée économique, Paris, Fayard, 2012
Hum…Bon allez, c’est un homme comme les autres. C’est vrai quoi! Un humain qui aime la bande dessinée et qui parle de temps en temps de Jazz, ne doit pas être si impressionnant que ça.
Paul Jorion arrive, tout sourire, et m’avoue qu’il a tourné tel un satellite dans le quartier, avant de trouver cette adresse.
Je lui demande ce qu’il veut boire et c’est une bière qu’il choisit.
L’interview peut commencer…
Paul Jorion, le sens de la vie, les banques, les femmes.
Au théâtre du Rond-Point, ce soir là, Paul Jorion doit faire une lecture sur scène dans le cadre de “trousse de secours en période de crise” . Contre toute attente, il abordera le “sens de la vie”.
Texte de présentation du Temps qu’il fait le 22 février 2013 par le Theatre du Rond-Point :
“Depuis le 12 décembre 2008, l’économiste anthropologue Paul Jorion produit tous les vendredis sur son blog une vidéo où il fait le point de l’actualité. Son “Temps qu’il fait” qui débute par un rituel « Bonjour, on est vendredi ! », est très regardé : en 2012, le nombre de vues a dépassé le million d’internautes friands de ses analyses implacables et narquoises sur la lente descente aux enfers de l’économie spéculative mondiale. L’enregistrement est parfois acrobatique : dans une chambre d’hôtel en Albanie, ou à la table d’une maison de campagne d’où les invités entrent et sortent avec insouciance, assis – faute de lumière ailleurs — sur des toilettes, ou la tête calée sur un oreiller, l’iPad tenu à bout de bras au-dessus de lui. Qu’y aura-t-il à raconter, le vendredi 22 février 2013 ? S’il se trouvait qu’il n’y a rien à dire, ce serait bien dommage pour le spectacle et une excellente nouvelle pour nous tous. Gageons pourtant que Jorion aura quelque chose à raconter sur le temps qu’il fait ce jour-là et – vu la manière dont les choses s’annoncent dans le monde de la finance – il faudra très probablement s’accrocher à son siège.”
> Voir et écouter…
Paul Jorion et la sorcellerie
http://www.PaulJorion.com
Filmé à l’Hôtel Hidden, 28 rue de l’Arc de Triomphe – 75008 – Paris
http://www.Elegancia-hotels.com
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