Portraits et Interviews

Christine Boisson ; les yeux de diamant noir

 

Interview du 11 Janvier 2013

Terrifiante. Une beauté terrifiante.
A chacune de ses apparitions au cinéma, c’est ce qui vous frappe, cette femme est irrésistible, elle a la beauté du Diable.

Comment résister, encore plus lorsqu’elle dévoile ses charmes. Sa nudité n’est pas parfaite mais elle nous renvoie à nos propres complexes.
C’est difficile d’être à l’aise dans le costume d’Eve, chez elle c’est comme un costume que l’on enfilerait comme une seconde peau. Sans forcément d’arrière pensée, juste parce qu’il nous va à la perfection.
A chacune de ses apparitions sur grand écran, au côté de Gérard Lanvin ou Bernard Giraudeau, il y a une accélération de la tension sexuelle, le thermomètre qui soudain grimpe au sommet.
On aura de la chance s’il n’éclate pas.
C’est ce mystère que j’ai voulu approcher, en essayant de ne pas m’y brûler.

Christine BOISSON et le Scotch Rouge

Il y a ce corps tout fin d’éternelle adolescente qui suggère la candeur. Ce métissage subtil, comme légèrement infusé qui vient des Antilles. Mais il y a surtout ce regard, ces deux diamants noirs, qui témoignent d’une gravité calme, presque douloureuse.

J’avais lu sa tentative de suicide il y a deux ans, et j’eu l’immédiate vision d’une femme blessée.
Une sorte d’éclat intérieur brisé par une vie compliquée, peut-être aussi une carrière incroyable par l’abondance de ses rôles (un peu plus de 80 en 30 ans) aussi par le manque de vrais premiers rôles.

L’histoire de Christine Boisson c’est peut-être l’histoire de ces femmes au cinéma, de ces actrices qui au début n’ont que leur beauté et leur innocence à offrir, ensuite leur nudité. Une fois ces secrets déflorés il y a les années à affronter, même si chez elle le temps n’a fait que renforcer ce charme naturel.
Christine, tout le monde la connaît, on pourrait penser qu’elle jouit pleinement de l’existence, mais son histoire infirme cette thèse. Une tentative de suicide à plus de 40 ans ?
C’est l’un des mystère que j’ai voulu comprendre.

C’est à l’hôtel Seven que je lui donne rendez-vous en début d’après-midi.
Quand j’arrive à la réception de l’hôtel, un grand sac de safari me fait savoir qu’elle est déjà arrivée. Je sens que c’est une chasseuse, une baroudeuse aguerrie. Quand elle me rejoint au bar, emmitouflée dans un manteau de fourrure blanc, des bottes cuissardes et des lunettes noires, je lui propose de l’interviewer dans l’une des 2 suites : la suite feutrée et sensuelle « Marie-Antoinette » ou la scintillante et mystérieuse « Diamant Noir ».

Christine Boisson est riche d’une longue et belle carrière cinématographique et théâtrale qu’elle a servie de son corps autant que de son jeu d’actrice.
En bruit de fond des joies professionnelles et des bonheurs personnels qu’elle évoque, on perçoit une noirceur profonde qui forme le mystère de sa beauté féline.
Elle a enfin touché du doigt ce qui la faisait souffrir depuis toujours.
Elle est bien décidée aujourd’hui à puiser sa force dans la sagesse et la maturité.
Christine rayonne aujourd’hui de tout son charme et de sa beauté, fière et enfin libre.
—————
Interview paru le 13 Janvier 2013 dans Gala par Jeanne Bordes

Christine Boisson est une actrice française, née le 8 avril 1956 à Salon-de-Provence.
Elle a étudié au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 1977). Elle a également suivi les cours de Blanche Salant à l’Atelier International de Théâtre.

En 1973, Christine Boisson se présente dans une agence de mannequins où elle est remarquée par Just Jaeckin, qui lui offre son premier rôle au cinéma dans son film Emmanuelle. Après quelques rôles qui ne tirent parti que de son physique dont Le Mouton enragé de Michel Deville, elle décide en 1974 d’entrer au Conservatoire.

Elle s’y consacre pendant trois ans, refuse toutes les propositions ne tenant compte que de son physique, joue au théâtre (notamment La Mouette dans une mise en scène Pierre Vial et Périclès, prince de Tyr mis en scène par Roger Planchon), puis revient au cinéma pour Extérieur, nuit en 1980. Elle enchaîne notamment avec Identification d’une femme en 1982.

Dans la suite de sa carrière, elle continue à monter sur les planches régulièrement, en alternance avec des tournages dans des films avec de nombreux réalisateurs réputés, tels que: Philippe Garrel (Liberté, la nuit), Gilles Béhat (Rue Barbare), Yves Boisset (Radio Corbeau), Claude Lelouch, Olivier Assayas, Elie Chouraqui (Les Marmottes), Jane Birkin, Jonathan Demme (La vérité sur Charlie) ou plus récemment avec Maïwenn dans Le Bal des actrices et Eric Valette dans Une affaire d’État. À la fin des années 2000, elle trouve une place à la télévision dans la série Reporters.

Filmographie

1974 :
La Bonne Nouvelle de André Weinfeld
Emmanuelle de Just Jaeckin)
Le Mouton enragé de Michel Deville
1975 :
Thomas de Jean-François Dion
Le Jeu avec le feu d’Alain Robbe-Grillet
Divine de Dominique Delouche
Adom ou le sang d’Abel de Gérard Myriam Benhamou
Flic Story de Jacques Deray
1980 :
Extérieur, nuit de Jacques Bral
Seuls de Francis Reusser
Du blues dans la tête d’Hervé Palud
La Chanson du mal aimé de Claude Weisz (film inédit)
1982 :
Identification d’une femme (Identifidazione di una donna) de Michelangelo Antonioni
Les ailes de la nuit (Flügel der Nacht) de Hans Noever et Ursual Jeshel (film inédit).
1983 : Liberté la nuit de Philippe Garrel
1984 :
Rue barbare de Gilles Béhat
Paris vu par… 20 ans après, sketch « Rue Fontaine » de Philippe Garrel
1986 :
L’Aube de Miklós Jancsó
Rue du départ de Tony Gatlif
Le Passage de René Manzor
1987 :
Le Moine et la Sorcière de Suzanne Schiffman
Jenatsch deDaniel Schmid
Dreamers (Once We Were Dreamers) d’Uri Barbash
1988 : La Maison de Jeanne de Magali Clément
1989 : Radio corbeau d’Yves Boisset
1990 :
Un amour de trop de Frank Landron
Il y a des jours et des lunes de Claude Lelouch
Une chaleur étouffante de Giovanna Gagliardo
1992 : Les Amies de ma femme de Didier Van Cauwelaert
1993 :
Une nouvelle vie d’Olivier Assayas
Les Marmottes d’Élie Chouraqui
1994 : Pas très catholique de Tonie Marshall
1997 : L’Homme idéal de Xavier Gélin
1999 : Love Me de Laetitia Masson
2000 :
En face de Mathias Ledoux
In extremis d’Étienne Faure
La Mécanique des femmes de Jérôme De Missolz
2002 La Vérité sur Charlie (The Truth about Charlie) de Jonathan Demme
2008 J’ai rêvé sous l’eau (I dreamt under the water) d’Hormoz
2009 :
Le Bal des actrices de Maïwenn
Une affaire d’État d’Éric Valette
2010 : Kataï de Claire Doyon

Christine BOISSON et la mort : 

Filmé à l’hôtel Seven, 20 rue Berthollet – 75005 Paris
http://www.Elegancia-Hotels.com

Previous post

Ged Marlon et Jean-Claude Leguay nous mènent en bateau au Théâtre du Rond-Point

Next post

Steve Rothery, les cordes sensibles de Marillion nous parle de "Gaza"

La PariZienne

La PariZienne

No Comment

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *