Bruno Blum : “Vite, conduisez-moi à l’hôpital!”
Autant parfois une interview se déroule le plus simplement du monde, autant celle-ci fut une sorte de rock-movie en plusieurs actes. L’aventure commence par une conférence de presse, puis un début d’interview interrompue par une urgence médicale, une traversée de Paris à deux sur un scooter, une agression dans les couloirs de l’hôpital, puis 2 autres rendez-vous à cause de problèmes bassement techniques, pour finir en concert improvisé dans un bar du douzième.
ACTE 1 : THE CLASH AU PALAIS DES GLACES !
Pour les privilégiés-es (qui ont accès à la partie gratuite de mon blog, et qui sont à jour de leur cotisation :-)), le résumé se trouve ici. Pour eux et pour les autres, c’était la conférence de presse de The Clash, le 15 septembre 2013. Il y avait là tout ce que le petit monde du journalisme musical compte d’érudits, car la commercialisation de tout ce que The Clash ont produit, dans un seul paquet, ça ne passe pas inaperçu ! The Clash ne parlent français que sous la torture. Et comme personne n’avait pensé à apporter le matériel, c’est Bruno Blum qui se charge de traduire au micro, les évangiles selon The Clash.
Il semble être comme cul et chemise avec eux, un peu comme des vieilles connaissances. Sa dégaine décontractée, ses cheveux gris et sa présence sur scène me plaisent et m’intriguent. Qui est cet homme ? Comment se fait-il qu’il soit si pote avec The Clash et qui est-il dans le monde de la musique, ce petit monde que je côtoie depuis plus de deux ans.
Je me rappelle avoir posé la question à Christian Eudeline qui m’avait répondu : “c’est un homme bourré de talents et très sympa. Il fait entre autre des bandes dessinées et je me demande pourquoi personne ne l’a édité depuis le temps!”
Après la conférence de presse, il avait bu un jus de fruit dans le café où pas mal de journalistes s’étaient réfugiés.
J’avais demandé à Christian qu’il me donne son numéro de téléphone et un jour, je l’avais appelé pour lui proposer un rendez-vous pour l’interviewer.
Très cool, il m’avait dit oui, c’est pour quel journal ?
ACTE 2 : INTERVIEW CLASH AU BELUSHI’S
Quand je lui avais répondu que c’était pour un blog, il m’avait prévenu tout de suite que internet, ce n’était pas sa tasse de thé.
Hum… bon, et bien tant pis, il avait quand même accepté de venir et d’apporter sa guitare pour me chanter quelques unes de ses chansons.
C’est au Belushi’s de la rue de Dunkerque, le 25 septembre 2013 que nous avons failli ne pas nous retrouver. Nous y avions rencard, sinon rien, mais j’étais en retard, il y était à point. Bloquée dans mon taxi, j’étais dans un embouteillage parisien.
Il était assis au fond tout seul avec son téléphone. Il n’avait pas mon numéro et pensait que je l’avais planté.
Nous nous sommes entendus tout de suite avec naturel et simplicité.
Nous avons commencé l’interview là où il m’avait attendu, au bar. Puis je l’emmenais dans un coin sombre, au sous-sol du Belushi’s, dans la salle de jeux clandestine aux canapés molletonnés avec comme seule lumière l’éclairage tamisé des billards. (d’où l’éclairage de merde de la vidéo)
Alors qu’il était en train de rendre hommage à son ami Gilles Verlant décédé quelques jours avant, le 20 septembre 2013, et avec la même gravité, il me dit : “Je suis en train de faire une crise de colique néphrétique, tu sais ce que c’est ? c’est quand un calcul bloque les reins, c’est le truc le plus douloureux qui existe au monde, je vais aller à l’hôpital tout de suite. Tu m’entends ?”
J’avais, sur le moment, trouvé ça suspicieux de sa part car je pensais qu’il testait mon degré d’écoute.
Je lui avais alors montré que j’écoutais complètement en lui disant avec un sourire : “Ah oui, ça doit faire mal une crise de coliques néphrétiques”. Mais lorsqu’il s’est allongé sur le canapé agité de spasmes de douleur, j’ai immédiatement plié mes affaires, pris sa guitare qu’il avait prise pour me chanter quelques-unes de ses compositions, et nous avons enfourché son scooter rouge direction Lariboisière, service des urgences… L’équipée fantastique !
ACTE 3 : INTERVIEW EN URGENCE
Les urgences, deux heures à poireauter. Un cachet pour calmer la douleur. Bruno Blum, héroïque, me propose de poursuivre l’interview ici. Il m’attire dans un coin sombre et glauque du dispensaire des urgences en attendant d’être reçu par un toubib que nous attendrons en vain.
Mais à peine ai-je sorti ma caméra qu’un Ostrogoth m’interpelle en me bousculant :
— Vous n’êtes pas habilitée à filmer ici, veuillez me suivre !!!
Le suivre ? Où ? L’énergumène n’est pas policier, pas même vigile, c’est juste un patient venu consulter – certainement pour une crise de parano aigüe .
Après avoir calmé l’agresseur et une fois la douleur un peu atténuée, nous nous sommes échappés de ce coupe-gorge, en remettant à plus tard l’interview que nous nous étions promise.
ACTE 4 : BIENVENUE CHEZ LES BLUM
Bruno Blum et moi, sagement, avions décidé de remettre notre entretien à plus tard. Et c’est ce que nous avons fait. Je suis allée le rencontrer chez lui, l’écouter au milieu de ses milliers de livres, CD et vinyles.
Il a pris sa guitare et m’a chanté quatre chansons. Le personnage étant très sympathique et accueillant, il m’a préparé mon premier déjeuner végétalien… J’avais devant moi Bruno Blum, végétalien, musicien, compositeur, écrivain, dessinateur, traducteur, papa, tout ça avec talent, et à 100 %. Une belle rencontre, passionnante, qui m’a donné envie de faire connaître le personnage à tout le monde, et surtout aux amis du blog La PariZienne. Malheureusement, était-ce dû à la météo, ou au positionnement des planètes, malgré les enregistrements, nous avons dû convenir de nous revoir.
ACTE 5 : B B B, BRUNO BLUM AU BAROMAITRES
Sur son scooter rouge et avec sa guitare, Bruno est arrivé en pleine forme au café BarOmaîtres dans le 12ème arrdt.
J’ai pu ainsi le filmer ce jour-là complètement guéri. Il était dans une telle forme, qu’il a improvisé un concert endiablé devant un public conquis.
ACTE 6 : TO BE CONTINUED…
BRUNO BLUM
Né à vichy en 1960 d’un père et d’une mère producteurs de films publicitaires, Tony et Nicole, il passe sa vie à Paris excepté une période en Angleterre.
Il parle français dés sa première année. Sa précocité, ou parcequ’ill est surdoué, lui rend sa vie scolaire horrible. Il s’ennuie, et préfère la musique et le dessin.
Lorsque son père,Tony Blum en 1972, gagne la Palme d’or du film publicitaire au Festival de Cannes avec le film “Crackers Belin” du jeune réalisateur Jean-Jacques Annaud. Il quitte un endroit modeste pour un appartement de 250 m2 et va dans les “belles” écoles.
Il vit dans le monde du cinéma et de la scène entouré de Pierre Desproges, Jérôme Savary, Ridley Scott, Gilles Detroit, Jerry Lewis et Evelyne Grandjean, qui sera la compagne de son père à l’époque.
Bruno Blum : “J’ai très bien connu Pierre Desproges, c’était un ami de mon père et ils se voyaient souvent à l’époque du Petit Rapporteur, c’était vers 1975 juste avant que je parte à Londres je crois. J’ai été chez lui et tout mais je ne l’appréciais pas trop en tant que personne, il n’aimait pas du tout le rock et les enfants/ados ne l’intéressaient pas trop. Malheureusement à ma connaissance il n’existe pas de photo de nous ensemble.”
Lorsque son père fait faillite, Bruno est adolescent.
Viré des Arts Appliqués de Paris puis de l’école Auguste Renoir en 76 alors que son niveau de dessin était excellent, il se retrouve a Londres avec Oscar Grillo un grand réalisateur de dessins animés, qui souhaitait le former comme réalisateur de dessins animés.
Il devient alors dessinateur.
Son cousin germain Jean-Gilles, qui vivait a l’époque à New York, était le correspondant de New York pour Best, grand mensuel du rock et concurrent de Rock & Folk. Bruno a donc l’idée de proposer a Best, des groupes anglais comme les Sex Pistols, The Clash, et leur dit qu’ il y a plein de choses qui se passent en Angleterre.
Christian Lebrun, rédacteur en chef de Best, lui répond alors : “Vas y, écris”
Il devient alors correspondant à Londres de Best et ces articles ainsi que ses dessins et photos sont publiés.
Il devient instantanément une vedette des rock critiques
– Bruno Blum: “Il y a un film comme ça: Almost Famous*, histoire d’un gamin qui suit un groupe de rock en tournée et qui connaît les stars bands. Il travaille pour “Rolling Stone”. Il ne veut pas aller voir le journal car il est trop jeune. Il fait tout par correspondance.
Et bien c’est mon histoire.
Sauf que moi, ce n’est pas qu’un groupe que j’ai connu mais j’ai commencé avec les stars des groupes anglais et fait découvrir à beaucoup de lecteurs tout le reggae.
J’ai très bien connu des groupes comme The Clash. Motörhead, Johnny Thunders, Mike Jagger, Paul McCartney, Fela, toute cette époque la,
J’étais aussi musicien, donc j’ai monté un groupe punk, qui tournait. Tout le monde dansait le pogo, on a enregistré un disque en Angleterre. Il est sorti chez Skydog Records depuis,
Art by Georges Pichard, layout and lettering by Gilles “Klaus” Hurtebize
Ou que j’aille maintenant, tout le monde me prend pour une espèce de rock critique, alors que je suis dessinateur, musicien, illustrateur, que j’ai publié des tas de photos, que je fais des conférences partout dans le monde pour raconter l’histoire du reggae, que j’ai produit 3 albums de Gainsbourg. Je suis en décalage avec l’image que les gens de ma génération peuvent avoir de moi parce qu’il me prennent pour un journaliste, un truc que j’ai toujours détesté en plus! ”
Par Dominique Planche
Pour écouter et acheter les disques de Bruno Blum :
> C’est ici le lien itunes
Site officiel de Bruno Blum : http://www.DocReggae.com
http://www.facebook.com/brunoblum
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http://www.facebook.com/brunoblum
2 Comments
Un Artistes! doué.
En tant qu’ancien chauffeur de taxi, il m’est arrivé un nombre incalculable de fois que des clients téléphone pour dire qu’ils étaient bloqué dans un embouteillage. Mais dans 90% des cas c’était faux.
Interview sympa cependant.