The Freaky Bud’s : un second album taillé dans le feu et la poussière
RENCONTRE AVEC MAX GENOUEL
Pantin, troisième étage. Un appartement décoré pour Noël, lumières tamisées, ambiance chaleureuse.
Max s’installe, sa guitare pas loin. On parle musique, amitié, blessures, authentique et liberté.
« Moi, c’est Max Genouel, chanteur-guitariste des Freaky Bud’s. »
The Freaky Bud’s viennent de sortir Western Smoke, un album autoproduit sur leur label Freakland Records. Un disque qui marque un tournant, une affirmation, une recherche d’authenticité. 2026 s’annonce comme l’année où cet album prendra la route.
LE DÉCLIC WESTERN SMOKE
Quel a été le moment précis où tu t’es dit : “Ça y est, on tient quelque chose de spécial” ?
Max : L’album s’est construit par étapes. On sortait d’un premier disque très moderne, produit dans un gros studio à Nantes. Moi, j’étais dans une vibe Black Keys, alors que les gars du groupe sont profondément roots. Après beaucoup de discussions, j’ai décidé de m’orienter vers quelque chose plus ancré dans les racines du blues.
En 2023, j’ai commencé à composer avant notre départ pour les États-Unis. Et quand j’ai contacté Kid Andersen… ça a été le déclic.
C’était un grand pas : c’est une de mes idoles. Mais si on voulait faire un album roots, c’était là-bas, avec lui, qu’il fallait aller.
LE ROAD TRIP QUI CHANGE TOUT
Quelle rencontre ou quel paysage de Californie a le plus influencé l’album ?
Max : On est très soudés, mais partir ensemble pour la première fois, sans concerts, juste pour vivre un road trip… ça nous a soudés encore plus.
Traverser la Vallée de la Mort, Joshua Tree, ces grands espaces… ça a nourri notre musique. On a respiré autrement.
On dormait dans des motels, on vivait H24 ensemble. On avait volontairement emporté des morceaux pas terminés pour laisser la route, les paysages, les discussions, influencer la suite. C’était important d’arriver en studio disponibles, sans certitudes.
KID ANDERSEN : LE CHOC HUMAIN ET ARTISTIQUE
Qu’a-t-il changé dans votre façon de jouer et d’enregistrer ?
Max : On était stressés en arrivant. La porte était ouverte, Kid Andersen nous accueille comme des amis de toujours. Incroyable.
Ce qu’on joue n’est pas forcément ce qu’il produit le plus : il est très blues-soul moderne. Pourtant, il a instantanément capté notre son. Il sait exactement quel micro, quel ampli, quelle couleur sonore mettre en valeur chez chacun.
Il tranche vite, il limite les prises, il sait reconnaître la bonne. Ça nous a tellement libérés.
Il m’a aussi énormément coaché sur l’accent, pour être crédible. Sur comment imager un texte. Et puis il est généreux : un jour, il a offert un micro vintage à notre harmoniciste.
Le studio est roots, sans horaires. Parfois on commençait à 18h, puis il décidait de nous emmener au pawn shop du coin. C’était à la fois pro, instinctif, humain.
LES TEXTES : ENTRE THÉRAPIE ET FICTION
Y a-t-il un morceau qui t’a bousculé à écrire ou à chanter ?
Max : On écrit les textes avec le batteur. Pour moi, ce n’est pas tant une bousculade qu’une thérapie.
Certains morceaux m’ont aidé à évacuer des histoires personnelles, des rencontres, des épisodes de vie.
“Strugglin’ & Shufflin’” par exemple : j’ai imaginé la vie d’un homme injustement emprisonné, rêvant du monde extérieur.
L’écriture m’a apaisé plus qu’elle ne m’a bousculé.
PRÉSERVER, BOULEVERSER OU RÉINVENTER LE BLUES ?
Max : Réinventer le blues… je n’oserais pas dire ça.
Mais le bousculer, oui. Injecter la modernité dans la construction : couplet, refrain, même sur des riffs roots.
Aujourd’hui, beaucoup de disques de blues sonnent très produits. Moi, j’aime le côté rural : John Lee Hooker, Junior Kimbrough, R.L. Burnside.
Notre mission : rester authentiques, mais ouverts.
LE SOLO DE KID : VERTIGE ET COMPLICITÉ
Quand Kid embrase une de tes chansons, c’est quoi la sensation ?
Max : Vertige. La puissance du gars… ouah.
Mais il met tellement à l’aise que rapidement, c’est devenu une jam entre potes.
Le plus stressant, ça a été de jouer dans son émission Greaseland Live, en direct, le soir de son anniversaire. On s’est retrouvés annoncés devant toute sa communauté. Après ça… plus rien ne pouvait nous faire peur.
LIVE VS STUDIO : DEUX MONDES
Max : Sur scène, on improvise beaucoup. Des morceaux transe sur un seul accord.
En studio, je dois me canaliser. On pioche nos idées live pour construire les chansons, mais il faut se poser, respirer.
On est très dépendants du public : si ça ne réagit pas, il ne se passe rien. Le blues est un échange.
SI L’ALBUM ÉTAIT UNE COULEUR, UNE ODEUR, UNE VILLE…
Max : Couleur ? Les tons orangés du désert. Le rituel du coucher de soleil, chaque soir, pendant le road trip.
Ville ? Los Angeles. Je m’y sens toujours bien, surtout Venice Beach.
Odeur ? Celle de la Vallée de la Mort : la pierre chaude, la terre brûlante, quelque chose d’indescriptible.
LA FORCE DU COLLECTIF
Max : Je ne pourrais jamais faire ce que je fais sans eux.
Le groove de Longe, très laid back. La symbiose avec Thomas Troussier à l’harmonica.
Ils m’ont donné confiance.
Même humainement : je n’aurais jamais fait ce road trip seul.
C’est vraiment une histoire d’amitié, de fraternité.
LE TITRE À FAIRE DÉCOUVRIR EN PREMIER ?
Max : Get It On The Right Track.
C’est le premier qu’on a écrit pour l’album, à La Parqueterie, dans la Creuse.
Un moment très fort : quand Thomas l’a entendu, il a fondu en larmes. C’était la direction que devait prendre le groupe.
Je le vois bien écouté en pleine nature, au bord de la Petite Creuse, pendant une partie de pêche.
LE DÉCLIC D’UNE VIE : NANTES
Max : Western Smoke représente pour moi la liberté.
Le moment de ma vie qui lui ressemble, c’est mon arrivée à Nantes, en 2013-2014.
J’ai trouvé une scène, une famille musicale. J’ai pu développer ma personnalité, m’assumer, me trouver.
SANS LE BLUES… QUI SERAIT MAX ?
Max : Je ne serais pas musicien, c’est sûr.
Mon père jouait de l’harmonica et m’a transmis ça.
Sans le blues… je serais quelqu’un de lambda qui va au boulot tous les jours. Je n’aurais pas voyagé, je n’aurais pas rencontré autant de gens.
QUE LAISSERAIENT TES PAS SUR LA SCÈNE S’ILS S’ARRÊTAIENT ?
Max : Le message que j’aimerais laisser, c’est :
s’écouter.
Quand quelque chose t’appelle, n’hésite pas.
Même si c’est dur. Même si tu es timide.
Le blues peut paraître ringard, mais on peut en faire ce qu’on veut. C’est une porte vers tout.
LES BLUESMEN FRANÇAIS QUI L’INSPIRENT
Max : Benoît Blue Boy. Chanter du blues en français, c’est un défi énorme, il l’a fait toute sa carrière.
Et Arnaud Fradin, de Malted Milk, qui a développé une vraie scène blues.
J’aimerais pouvoir donner envie à mon tour.
L’ADDICTION À LA SCÈNE
Max : Voir les gens sourire, discuter avec eux au merch… c’est indispensable pour moi.
J’étais timide avant, pas sûr de moi. Aujourd’hui, la scène m’a ouvert.
C’est une addiction douce et belle.
LE TEST DE PERSONNALITÉ NADINE (ÉVIDEMMENT)
Parce qu’aucune interview ne serait complète sans lui, place au très sérieux — et totalement subjectif — test de personnalité Nadine.
Trois animaux. Trois visions. Une vérité.
1 — Le labrador
Comment Max se voit
Bonne humeur permanente (ou presque), sociable, joueur, fidèle.
Celui qui crée du lien, qui aime l’échange, qui avance au sourire plus qu’à l’ego.
Bref : l’ami qu’on est content de retrouver… et qui ramène toujours un peu de lumière avec lui.
2 — La panthère
Comment les autres le voient
Sauvage, élégant, instinctif.
Le félin qui ne parle pas pour rien, qui observe beaucoup, impressionne sans forcer et dégage une forme de puissance tranquille.
Oui, ça surprend toujours quand on connaît le labrador.
3 — Le héron
Qui il est vraiment
Majestueux, libre, collectif sans jamais être dépendant.
Celui qui prend de la hauteur, avance avec patience, sait quand rester immobile… et quand s’envoler.
Un animal de grands espaces, de silence et de trajectoires choisies.
Verdict :
Sous la convivialité du labrador et l’aura de la panthère, Max est avant tout un héron.
Un musicien qui observe, respire, attend le bon moment — puis trace sa route, librement.
Et finalement, Western Smoke n’aurait peut-être pas pu s’appeler autrement.
FIN D’ENTRETIEN… ET DÉBUT DE MUSIQUE
La conversation se termine.
Max sourit, attrape sa guitare.
« Tu veux une chanson ? Je te fais une chanson. »
La magie opère.
Par Dominique Planche
Max Genouel au chant et à la guitare
Nicolas Coulonges à la guitare
Hugo Deviers à la batterie
Thomas Troussier à l’harmonica
Instagram officiel The Freaky Bud’s
Facebook officiel The Freaky Bud’s




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