Teddy Abbou, le Songwriter et les 4 Saisons
Paris, le 29 Janvier 2018
Teddy est déjà là lorsque j’arrive à l’Hôtel Hidden, lieu de notre rendez-vous. Assis à table, il m’attend tout sourire, ses cheveux joliment en bataille, en jean et chemise bleue. Sa guitare est contre le mur. Il est prêt.
Ce jeune homme poursuit sa route dans la chanson depuis quelques années et c’est forgé un style qui a l’air tout simple mais qui ne l’est pas. Son amour de la langue française est une partie importante de sa personnalité. L’opposition des situations qu’il observe ainsi que de ses ressentis l’amusent et l’inspirent. Une belle surprise que ce Teddy Abbou ! A suivre…
INTERVIEW
Comment te définis tu ?
Il y a un terme qui n’existe pas en Français qui est un terme anglo saxon, c’est Songwriter qui veut dire faiseur de chansons. Donc musique et paroles, harmonie etc. Et moi je me considère vraiment comme ça. Un artisan faiseur de chansons.Je chante mes chansons, du coup je suis chanteur de fait, j’essaie de chanter juste, mais je ne suis pas un chanteur à voix. Je suis compositeur, pas le meilleur des compositeurs mais j’essaye que ce soit cohérent entre le texte et la musique. .
Notre métier est un divertissement. Faire les choses sérieusement sans jamais se prendre au sérieux. A partir du moment ou on demande de l’argent à des gens, c’est un métier comme un autre. Il faut faire le job. Tout ça dans le plaisir.
As-tu des textes à messages ?
Mes textes n’appellent pas à voter , ni à manifester j’appelle pas à être pour ou contre une idée. J’essaie de faire de belles chansons et si ça touche les gens c’est le principal.
Lorsque Léonard Cohen dit « les lumières ne passent que par les failles » c’est exactement ce que je ressens de la vie et des hommes
Tu donnes des cours de musique à des enfants. Que leur apprends tu comme style ?
De la variété française. Lorsque j’arrive, Il me demande de faire du Mishka, du Maitre Gims, et je leur dis qu’ils les connaissent beaucoup mieux que moi et je leur apprends du Joe Dassin, du Renaud, du Gainsbourg, des chansons qui sont dans le patrimoine Français qu’on a tous mais qui n’ont pas forcément en regardants les clips actuels. Au final, ils sont touchés parce que parfois ils connaissent mais n‘ont pas pris le temps d’écouter les paroles. Ils découvrent aussi la mélodie. On est à une époque où le RAP a pris une place importante et tant mieux. On perd malgré tout une partie mélodique qu’on retrouve en creusant un peu. Gainsbourg a fait des choses beaucoup plus RAP que PNL aujourd’hui.
Aujourd’hui la chanson Française c’est peut-être ce que font Orelsan ou Stromae, ça vient plus du Hip-Hop. Peut-être que je remets un peu au gout du jour une espèce de variété folk qui avait disparu. Et encore…J’essaye surtout de mettre du sens dans mes textes tout en restant nuancé.
Si c’est juste pour mettre une photo du monde tel qu’il est dans une chanson, pas besoin d’être un artiste pour ça. Un artiste doit vraiment être décalé dans ce qu’il produit.
Quel est ton public ?
Mon public aime les chansons à textes justement. Qu’ils soient jeunes ou vieux, de gauche ou de droite, j’aime la nuance, l’humour aussi.
Tu as un album qui se nomme Normandie Blues, pourquoi ce nom ?
Je suis parti avec mon groupe de scène de l’époque dans une maison de campagne en Normandie en apportant tout le matériel prêté par la Cabine Rouge avec l’ingénieur du son, et on s’est enfermé pendant une semaine pour l’enregistrement.
Il en sort une espèce de mélancolie joyeuse. Le temps varie entre la pluie et le beau temps tout ça en 3 secondes. La définition du blues pour moi est le soleil dans un temps de pluie ou la pluie lorsqu’il fait beau.
Quels sont tes projets ?
J’ai un projet assez ambitieux puisque je ne vais pas sortir un EP mais 4.
Il va en avoir un par saison. Au début de chaque saison, il y aura 4 ou 5 titres nouveaux. Le premier le 21 Mars qui s’appellera « Après l’hiver » et j’espère pouvoir faire ainsi une chronique émotionnelle et sociétale de l’année à venir. Les saisons influent beaucoup sur le caractère et je veux voir ce que ça fait aussi sur l’écriture qui sera faite au fur et à mesure.
Etre dans l’urgence est une expérience de création très actuelle non ?
4 mini albums sortiront en 2018.
Tu n’as pas voulu avoir un pseudo, pourquoi ?
Déjà, parce que j’aime mon nom. Il y a des gens qui trouvent délicat de garder son nom sur les réseaux sociaux par exemple. Ça m’a permis d’être sûr de ce que je postais sur internet, de ne pas délirer total. C’est un peu un garde fou. Si un employeur veut me chercher, tout est visible, je n’ai honte de rien. Et puis ce nom vient de Tunisie tandis que mon prénom vient des États-Unis. Ça me parle.
Comment te vois-tu à 50 ans ?
En bonne santé. Heureux. Vivre à 100% de mes chansons et écrire pour d’autres artistes. Mais si demain je deviens passionné de voile, je ferais de la voile. (rire)
Ou rêves tu de jouer ?
Lorsqu’on est un jeune débutant musicien, peu de gens nous ouvrent des portes. Mon rêve, c’est si un jour je suis très connu, c’est de pouvoir retourner le bar de ceux qui nous ont fait jouer quand il y avait personne qui voulait nous faire jouer. Les remercier comme ça. Je pense au Kingstone à Croix (proche de Lille) , à Mon Café à Paris 12.
C’est rare de trouver les gens qui nous accueillent bien, et lorsque ça arrive, il faut s’en rappeler.
Propos de Teddy Abbou by Dominique Planche
BIOGRAPHIE
Teddy Abbou manie les mots
Il chante des histoires qui interpellent sur le monde et les relations humaines. Baignant dans une culture musicale engagée (Renaud, Brassens, Dylan) il développe son propre regard pour se faire tour à tour rebelle, drôle et tendre.
C’est en colonie de vacances que ce jeune homme fait ses premières armes à la guitare en reprenant ses idoles autour d’un feu de camp. Il se lance ensuite sous les projecteurs en tenant la basse dans diverses formations rock de la région parisienne (White Russians, Pink Cowboys).
A 18 ans l’envie d’écrire ses propres textes le pousse à produire ses premiers cafés-concerts. Mais c’est en s’expatriant à Londres, où la musique est partout, qu’il comprend que ce sera son métier.
Il part en région Strasbourgeoise enregistrer sa première maquette de 11 titres en 2012 (Salut c’est Ted) chez Hervé Bertsch (Vox Populi, Vapeur Mauve Production), enchaîne avec l’EP Teddy Abbou et ses Fabuleux Trapézistes qu’il co-produit en 2013.
C’est alors qu’il rencontre l’équipe de Tous les Bons Talents avec laquelle il organise ses concerts à Paris (notamment Ménil’Fest). Teddy Abbou parcourt également la France en jouant dans les hôtels, les bars et les campings pour faire connaître ses chansons (plus de 100 dates).
En 2014 il sort l’EP Binder Kueno, qui se veut plus rock’n roll.
Une licence de droit en poche, le chansonnier saisit ensuite l’opportunité d’intégrer le Cours Florent Musique où il apprend, rencontre et mûrit ses projets. L’année 2017 est notamment ponctuée par la sortie de son troisième EP Normandie Blues.
Autres projets musicaux
Amanda du groupe Mental Fox (auteur-compositeur)
J’pense à des vacances de Vincent Juillet (arrangeur)
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