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Mythique Mistinguett

MISTINGUETT, REINE DES ANNEES FOLLES *****

QUAND LA PRODUCTION FRANÇAISE RIVALISE AVEC “CHICAGO”

 “Aimer, c’est c’qu’il y d’plus beau, Aimer, c’est monter si haut…” Stop, j’ai la nausée. Voilà le temps maximal d’écoute que j’accorde aux comédies musicales à la française. Ca craint, c’est moche, mal écrit, mielleux, insipide, grandiloquent ou grand-guignolesque… je parle même pas des castings où se bousculent des ersatz de Céline Dion jouant la comédie comme une enclume. Je développe ou vous voyez le truc ? Seul “Cabaret” avait trouvé grâce à mes yeux pourtant bon public. Et puis là, je sais pas, ça sentait bon. Etait-ce la présence de Carmen Maria Vega dans le rôle-titre, celle d’Alain Chamfort parmi les compositeurs ? Je ne saurais dire mai je me mordais les doigts de n’avoir assisté à la première salve de représentations données au Casino de Paris l’an dernier. Que ne fut donc ma joie d’apprendre la reprise du spectacle, au Comédia cette fois-ci, magnifique salle art déco injustement méconnue des Parisiens en mal d’ambiance cabaret non frelatée.
Ce matin-là, l’œil vitreux, rasé de près avec une biscotte, la lumière jaune comme seul Montmartre peut offrir me tirait peu à peu de ma torpeur matinale. Coup de fil à l’Attachée de Presse. Faut que tu me files deux invit pour que prouve aux yeux du monde et de sa banlieue que nous aussi, on peut faire dans le spectacle intégral sans nous ridiculiser en livrets niaiseux et compositions plates comme une limande. Coup de bol monumental, une partie de la troupe organise le jour-même un happening  promo dans différents lieux symboliques du gai Paris. Me retrouve-je ainsi ubérisé fissa, direction le Trocadéro pour plusieurs séries de shooting, convié à suivre l’équipée sauvage dans le bus tour de cette bande de dingos.
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Mes impressions premières se confirment rapidement. L’ambiance est infernale, les vannes fusent à la rapidité d’une mitraillette, les costumes se découvrent somptueux, Carmen survoltée catalyse l’atmosphère électrique régnant d’évidence dans le projet. On papote, on rigole, on prend des photos, jolies ou rigolotes, mais alors plein de photos. Trop vite les heures s’égrènent entre le Moulin Rouge et le Comédia. Trop tôt il faut nous quitter. Le sang boue dans mes veines d’assister bientôt à la revue d’une diva accessible, énergique et piquante… Tout se présente trop bien pour que mon rêve éveillé s’interrompe en si bon chemin. Quelques jours plus tard, je visse mes fesses dans le fauteuil, sourire béat et langue pendante.
Vous vous souvenez de mes propos vitriolés sur la comédie musicale version frenchy ? Bon ben “Erase and rewind, ‘coz I’ve been loosin’ my mind”. “Minstinguett, reine des années folles” mais aussi de 2015. On frôle la perfection. Les comédiens en sont -si si je vous assure- et incarnent un Paris qui fit fantasmer la terre entière dans une VRAIE pièce de théâtre avec intrigue, suspens et belles pépées. Paradize on earth pendant 2h30 durant. Ca joue, donc, ça chante, ça danse, ça claquette, ça saute, ça vibre, ça plume. Les tableaux merveilleusement décorés et éclairés s’enchainent trop vite pour ne pas exiger de mon corps en transe de mambo, charleston et cuivres diaboliques qu’il revienderat bien vite pour une deuxième (j’ai pas dit seconde, ok ?!) dose, plus organisme encore puisque j’attendrai excité comme une puce cocaïnomane chaque scène, chaque chanson comme le Petit Nicolas devant une Forêt Noire double ration de kirsch et crème fouettée.

Le final est une apothéose, un feu d’artifice plus beau qu’à la Tour Eiffel. J’en veux encore. Encore !!!

PS pour les producteurs : ce spectacle doit voyager, jusqu’au West End, Singapour et Broadway. Je vous le dis.

PS pour les autres et poursuivre le plaisir : la musique du spectacle est disponible sur CD et autre support de votre choix, ainsi que la biographie “Carmen Maria Vega” signé Pierre-Yves Paris.

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 CARMEN ‘MISTINGUETT’ VEGA

Pourquoi résister à la tentation de partager un peu l’intimité d’une loge avec la belle en porte-jarretelles et boa ? Moi j’ai pas résisté. Rencontre Vents d’Orage / Carmen Maria Vega :

VdO : La comédie musicale, une découverte pour toi ?

CMV : Oui au sens où je n’avais pas mis un pied dans univers de la comédie musicale à la française, estimant qu’ici on ne sait pas faire. Le producteur Albert Cohen avait pris contact avec une coach vocal qui me connaissait. A l’écoute des premières musiques, j’ai senti qu’il ne s’agissait d’un spectacle qui dépoussiérait le mythe. Le personnage m’intéressait, j’avais envie d’explorer l’histoire mais un tel projet peut très vite paraître daté.

VdO : Justement, le spectacle touche au niveau des meilleurs shows anglo-saxons, on pense nécessairement à “Chicago”. Comment fonder de tels espoirs ? Des garanties avant de prendre ta décision ? Dès le départ, aucun relent de naphtaline ?

CMV : Non car très vite on m’a indiqué qui serait impliqué sur l’écriture, la musique, la mise en scène. Le casting n’était pas encore constitué et l’accent a été mis sur le choix de bons comédiens capables de chanter et danser plutôt que de se ruer sur des voix incapables de jouer correctement la comédie.

VdO : Bien des disciplines à maîtriser pour se lancer dans un tel projet. Jouer, danser, c’est une première, non ?

CMV : J’aime danser dans la vie mais sur scène, c’est autre chose. Je viens du théâtre et retrouve avec joie le plaisir d’incarner un personnage. Pour la danse, c’était donc un challenge. Nous n’avons que peu de temps pour répéter. La comédie, je connais depuis l’âge de 7 ans. Un vrai retour aux sources, pour le coup.

VdO : La vie de troupe, tu avais connu pour les concerts mais là, plus compliquée lorsqu’on ne choisit pas une équipe aussi imposante…

CMV : Tous les rôles sont importants, c’est un plus, un rempart pour ne pas laisser tel ou tel ego prendre tout l’espace. Sans prétendre que tout fonctionne dans un angélisme de la grande famille où tout le monde s’aime à la folie, nous avons su éviter les guerres. Tout le monde est là au service du spectacle et cela se ressent sur scène, dans l’intérêt du public. Tout se passe très bien même si une telle production requiert une hiérarchie. Les danseurs, les interprètes sont très bienveillants les uns à l’égard des autres.

VdO : Le personnage de Mistinguett parce que chanteuse et féministe avant l’heure ?

CMV : Mistinguett a aidé, incontestablement, les femmes à prendre le pouvoir. Pour ma part, malgré le fait d’évoluer dans un métier d’hommes, je ne me sens pas l’âme d’une féministe au sens militantisme. Le combat est toujours juste, d’actualité. Mais les trucs en -isme m’emmerde un peu. Les méthodes parfois mises œuvre peuvent prendre le fond. Mais quoi qu’il en soit démarche, ces activismes ont le grand mérite d’exister et de défendre des causes légitimes. La manière de le faire peut être discutable mais les combats sont toujours justes et d’actualité.

VdO : La traversée du désert, ça te fait peur ?

CMV : Oui bien sûr. Mais si le téléphone ne sonnait plus, je garde sous le coude des tas de projets. C’est sans doute plus difficile pour une comédienne que pour quelqu’un comme moi qui peut fabriquer mes propres projets. L’angoisse est toxique. Elle est attachée à cette exigence du milieu artistique de garder un physique de jeune première, botoxée pour pouvoir continuer à susciter le désir.

VdO : Le conflit d’ego Chevalier/Mistinguett, tu as connu ça à titre personnel ?

CMV : J’ai été confrontée à l’enfer d’une relation avec un artiste. Mais tout trouvait dans son origine dans le fait qu’il se refusait à entrer dans la lumière alors qu’il avait la possibilité de le faire. La moindre remarque, qui tient à une question de goût, pouvait être très mal accueillie.

VdO : Etre dirigée quand on est habitué au rôle de leader de sa propre formation, pas un peu frustrant ?

CMV : C’est vrai que je n’étais pas coutumière d’évoluer au sein d’une équipe aussi importante. Ceci dit, et même si je savais que je ne serais pas décisionnaire en tout, j’ai eu la possibilité de donner mon avis sur bien des aspects. Sans m’imposer, on m’a laissé la place qu’on a bien voulu me laisser, jusque dans le casting ou d’autres aspects de la production. Parfois je n’ai pas été entendue puis on est revenu sur des suggestions que j’avais faites dans le seul intérêt du show. Cela fait partie du jeu que de se mettre à disposition, en l’occurrence sans pour autant accepter tout et n’importe quoi.

VdO : Le show serait une fantastique vitrine de la culture française à l’étranger. L’envie de tout foutre dans un avion-cargo ne te démange pas la résille et les plumes ?

CMV : Si demain on me demande d’aller défendre le spectacle à Broadway, bien sûr que j’y fonce. Mais cela ne dépend pas de moi. Sans doute qu’il y a un potentiel en tournée, en France comme à l’étranger. Savourons cette série de représentations parisiennes et puis, qui  sait…

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Spectacle musical de 2h30 environ

Auteur : Vincent Baguian

Musique : William Rousseau, Alain Chamfort, Jean-Pierre Pilot

Metteur en scène : François Chouquet

Avec : Maria Vega, Fabian Richard, Patrice Maktav, Cyril Romoli, Grégory Benchenafi, M’Tatianna… 

PITCH

Une trentaine d’artistes sur scène nous raconteront la création du premier show music-hall de l’histoire qui a inspiré Broadway. C’est à ce voyage que nous souhaitons inviter le spectateur, l’envie de partager avec lui l’extraordinaire aventure humaine que Miss et sa troupe vont vivre sur scène, jusqu’à l’aboutissement : l’ouverture du rideau sur le revue qui marquera toute l’histoire du music-hall.

De la nostalgie de quelques chansons d’époque revisitées à l’énergie débridée des compositions originales, la musique du spectacle, intense, émotionnelle et swing nous transportera dans cette ambiance de fête et de liberté retrouvée. Eblouissantes, talentueuses, insolentes, les années 1920 sont une page exceptionnelle de notre histoire. Pour décrire l’effervescence qui s’empare alors de la capitale, un mot s’est imposé dès les années 1920 : la folie. Les années folles sont une parenthèse de liberté, un moment magique entre deux guerres mondiales, 10 petites années mais 10 années d’une intensité inouïe.

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Du 8 octobre au 3 janvier 2016 – du mardi au dimanche à 15h00, 17h00 ou 20h00 selon les jours au Comédia

Le Comédia

4 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris

Plan d’accès

Réservations

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2 Comments

  1. 24 novembre 2015 at 16 h 19 min — Répondre

    Cher vent d’orage, merci pour cet article MAGISTRAL, qui vous prend par les cheveux et vous enlève jusqu’à vous déposer dans un fauteuil de ce théâtre, le tout dans un style éblouissant.
    Ravie de la brève rencontre hier soir au show case Odino.
    J’ai donné le lien de La pariZienne à Mathieu Serradell, le pianiste qui accompagnera Liliane Montevecchi au 20e théâtre dimanche prochain à 20h 30.
    Au plaisir de vous lire encore !
    florence, la violoncelliste ayant tendance à s’endormir en jouant.

  2. Vents d'Orage
    24 novembre 2015 at 20 h 29 min — Répondre

    Merci pour tes bons mots. Plaisir partagé.

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