Le Philosophe et la putain
LE PHILOSOPHE ET LA PUTAIN ****
HISTOIRE DES PHILOSOPHES
C’est toujours avec un peu d’angoisse que je me rends à un spectacle qui annonce aussi résolument la couleur. Ce conte philosophique est ambitieux à vouloir retracer, dans son premier acte tout au moins, les fondations d’une pensée de la sagesse n’étant jamais réellement parvenu à répondre à cette question pourtant fondamentale -la seule qui vaille réellement d’être posée- du sens de notre présence sur terre. Le texte s’aventure même jusqu’à l’héritage des philosophes grecs dans les propositions de quelques acteurs majeurs du XXème siècle, non sans une certaine cocasserie.
Problème : tout comme le dit Jeanne Moreau, la philosophie m’emmerde. Pas tant la discipline elle-même que la manière dont les grands auteurs l’abordent. La synthèse proposée ici, en alexandrins s’il vous plait, ne déroge pas à ce constat. Et j’eus un peu peur que la chose ne s’apparente à un cours magistral mal dissimulé.
UNE FIGURE VIRGINALE A NOTRE SECOURS
Oui mais voilà que l’espoir renait. Ce pauvre Diogène ne parvenant pas plus que ses pères et pairs à démontrer l’indémontrable, la putain qui s’éprend de lui, n’en est peut-être pas une. Avec piquant et jolis chants poétiques, drôles et bien sentis, Hariola montre une autre voie/voix, plus spirituelle celle-ci. Tournons nos regards vers les dieux et peut-être comprendrons-nous enfin que seul l’amour répond à la quête éternelle de sens. Dans un décor dépouillé sur fond de bande dessinée inspiré de Corto Maltès, grâce au jeu inspiré et une mise en scène à la tonalité tantôt grave tantôt loufoque, un chemin se fait jour.
Même Alexandre Le Grand, au même titre que les spectateurs ravis, est emporté par une vague plus puissante que d’aucuns auraient pu le soupçonner. Et si la Vierge Marie s’était grimée en déesse grecque elle-même fardée en fille de mauvaise vie ? Une lecture hardie de ce spectacle que vous partagerez peut-être. Ou pas. Mais ne passez pas à côté de l’occasion ici donnée d’un moment de plaisir inattendu et singulier.
Comédie philosophique d’ 1h45 environ
Auteur : Jacques Rampal
Metteur en scène : Elsa Royer
Avec : François Chodat, Pierre-Yves Desmonceaux, Anne Jacquemin, Alain Leclerc, Christian Pélissier, Françoise Pinkwasser, Yann Sundberg
PITCH
Mêlant vérité historique, anachronisme, philosophie, humour et mythologie, Jacques Rampal nous entraîne avec “Le philosophe et la putain” à deux époques de la vie de Diogène : peu avant la mort d’Antisthène, fondateur de l’école cynique, qui ne voulait pas pour élève de cet indiscipliné chronique ; puis trente-sept ans plus tard, peu avant la mort de Diogène cette fois, lorsqu’il découvre en la prostituée Hariola, une déesse particulière… et qu’il avoue ses sentiments avant de s’éteindre, victime selon la légende des chiens auxquels il aimait tant se comparer.
La pièce voit défiler auprès du célèbre tonneau une galerie de personnages truculents : Platon et Antisthène, Cratès (disciple de Diogène) et sa femme Hipparchia, délirant couple de débauchés caustiques, et enfin Alexandre le Grand, qui a tout mais rêve d’être Diogène… Parmi ces personnages historiques, Hariola (Aphrodite déguisée) ajoute une touche de surnaturel, de fantaisie et d’ironie.
Et ces personnages flamboyants parlent en vers ! Des vers à la fois percutants et irrévérencieux, que Jacques Rampal sait si bien manier… Des vers qui donnent envie d’écouter avec émerveillement, qui rendent évidente la philosophie, et qui parfois se muent en chansons.
Du 27 août au 4 octobre – Du mardi au samedi à 20H00, le dimanche à 16H00 au Théâtre 13 Seine
30, rue du Chevaleret – 75013 Paris
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