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Las Panteras – Féminines, féroces et fières

Martica & Eliene – Les voix sacrées de la liberté

Elles arrivent comme deux éclats de soleil venus de La Havane, deux femmes à la fois douces et indomptables : Martica et Eliene, alias Las Panteras.

Leur regard est franc, leur parole affûtée, leur musique brûlante de vérité. Après avoir voyagé à travers le monde auprès de musiciens d’exception — Omar Sosa, Chucho Valdès et tant d’autres —, elles signent aujourd’hui leur manifeste : Hasta Cuando.

Un album qui rugit sans crier, qui caresse avant de griffer.
Ici, le féminisme ne s’excuse pas : il danse, il chante, il aime, il résiste.

Martica et Eliene y explorent la femme sous toutes ses formes — guerrière, amante, mère, libre penseuse — et bousculent les codes sans jamais perdre leur grâce.

Leur univers afro-cubain, imprégné de modernité, mêle rythmes traditionnels, mélodies sensuelles et textes puissants. Entre Marie NDiaye et Angela Davis, entre la rue et la poésie, Las Panteras livrent une musique qui questionne le monde tout en célébrant la vie.

Las Panteras sera en concert au Studio de l’Ermitage, le 6 novembre

Nouvel Abum : Hasta Cuando.

INTERVIEW : 

Le nom qui rugit

D.P. : Pourquoi ce nom, Las Panteras ? On a dû vous le demander souvent, mais pourquoi celui-là ?

Eliene : On a choisi ce nom pendant la préparation de l’album Hasta Cuando, au moment des compositions. C’est devenu évident : c’était le moment de nous affirmer comme artistes. Martha avec son parcours, moi avec le mien, c’était une manière de dire “on est là”.
“Las Panteras”, c’est la férocité, la féminité, la mère qui protège ses petits — nos chansons — et qui se bat pour les voir grandir.

Créer sa propre jungle

D.P. : Après avoir accompagné des maîtres comme Omar Sosa ou Chucho Valdés, qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre propre jungle musicale ?

Martha : Je viens de la musique traditionnelle cubaine. J’ai fait partie du Conjunto Nacional Folklórico de La Havane.
Ma rencontre avec Omar Sosa m’a ouvert au jazz et à la liberté d’expression musicale.

Eliene : Pour moi aussi, c’était une belle découverte. Aujourd’hui, on veut prouver qu’on peut faire plus : notre propre musique, avec toute la liberté possible

La rencontre

D.P. : Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Eliene : On s’est rencontrées à Montpellier, à l’occasion d’un concert de rumba traditionnelle avec un groupe de passionnés français.
Martha était invitée spéciale, et on a tout de suite eu un bon feeling. C’était en 2014 ! On s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble.
Mais il a fallu attendre les bonnes conditions, un vrai soutien à la production, pour que le projet voie le jour.

Hasta Cuando, un cri du cœur

D.P. : Hasta Cuando sonne comme un cri du cœur. “Jusqu’à quand ?” À qui adressez-vous cette question ?

Martha : C’est un appel à la conscience. Un “basta” adressé à toutes les formes de violence, d’humiliation et de discrimination envers les femmes.
C’est une invitation à se rebeller, à sortir du rôle qu’on nous assigne — celui de la mère, de l’épouse — pour oser plus.
Eliene : Oui, et chacune de nous a écrit à partir de son vécu. Moi, j’ai grandi dans un environnement très macho, mon père l’était énormément. Martha aussi.
En écrivant, nos histoires se sont entremêlées. Et plus tard, on s’est rendu compte que nos textes étaient presque prémonitoires : ils faisaient écho à nos vies, à nos ruptures, à nos renaissances.

Racines et famille

D.P. : Vous avez encore de la famille à Cuba ?

Eliene : Oui, mes parents vivent encore là-bas. Mon père a 83 ans, ma mère 79. J’ai aussi des amis d’enfance, mais beaucoup de monde est parti.
Martha : Mon papa vit aux États-Unis, ma maman est décédée en 2020, et mon fils est resté à Cuba.
Quand il voit Las Panteras sur internet, il est fier. Pour la famille, c’est une réussite totale.

Le féminisme selon Las Panteras

D.P. : Vous parlez d’un féminisme latin, ouvert et sensuel. Comment définiriez-vous votre façon d’être femmes aujourd’hui ?

Martha : C’est un afro-féminisme latino. On est deux femmes indépendantes, deux femmes qui paient leurs factures, qui se battent tous les jours.
Eliene : Oui, un féminisme qui n’est pas défaitiste. On n’est pas contre les hommes.
On aime les couleurs, les paillettes, les faux ongles — c’est une armure.
On veut juste être respectées telles que nous sommes. Notre féminité est une force, pas une faiblesse.

Entre tradition et modernité

D.P. : La musique afro-cubaine est très ancrée dans les traditions. Comment avez-vous réussi à y glisser des sonorités modernes ?

Eliene : On a tout composé dans le studio de notre bassiste, Guillaume Bouthié, à la montagne. Une semaine d’isolement total.
Notre manager nous a dit : “Oubliez les cadres, oubliez les styles.”
Et c’est devenu naturel : la rumba, le jazz, les influences afro-cubaines… tout s’est mélangé librement.
Martha : C’est un son unique, le nôtre. La rencontre de nos deux univers.

Si vos textes étaient des femmes…

D.P. : Si vos textes étaient des femmes, à quoi ressembleraient-elles ?

Martha : Rebelles, amoureuses, rêveuses. Les trois à la fois.
Eliene : Rebelles, mais amoureuses surtout. On revendique la douceur autant que la force. Les paillettes et la férocité. L’élégance et la sensualité.

La pudeur envolée

D.P. : En studio, vous avez fait voler en éclats la pudeur. Qu’est-ce qui vous a le plus libérées ?

Eliene : Le fait de raconter notre histoire. Avant, on chantait pour d’autres. Là, c’est enfin notre voix, nos mots, nos vérités.

Cuba au cœur

D.P. : Quelle part de Cuba reste en vous ?

Martha : Cuba est toujours là — dans ma façon de bouger, de vivre, de cuisiner. Mais l’Europe m’a apporté la rigueur. En Allemagne, j’ai appris la ponctualité !

Eliene : Cuba est dans mon cœur, mais je vis avec des sentiments mêlés.
Il y a la nostalgie, la fierté… et aussi la déception face à la situation actuelle.
Je reste attachée à sa culture, mais la réalité du pays me peine.

La chanson qui les résume

D.P. : Quelle chanson de l’album vous représente le mieux ?

Eliene : Hasta Cuando bien sûr, mais aussi La Patience.
C’est un reggae qui parle d’attente, de foi, de persévérance. Chaque fois qu’on la chante, on a les larmes aux yeux.

Test de personnalité Nadine

D.P. : On termine avec un petit test de personnalité…

Premier animal —
Eliene : Le chat. Indépendant, libre, câlin quand il veut.
Martha : Le chien. Fidèle, amical, protecteur.

Deuxième animal —
Eliene : La panthère. C’est nous, tout simplement.
Martha : Le lion. Mon signe astrologique, fort et maternel.

Troisième animal —
Eliene : La baleine. Imposante, rare, douce.
Martha : Le dauphin. Tactile, social, joyeux, sensuel.

Résultat du test :
Eliene se voit libre et indépendante, les autres la perçoivent comme une panthère — féline et protectrice — et au fond, elle est une baleine rare et apaisante.
Martha, elle, est perçue comme un lion solaire et vit comme un dauphin : joyeuse, tactile, collective.

Un message pour les PariZiennes

Eliene & Martha :
On sera au Studio de l’Ermitage, le 7 novembre à 20h.
On a envie d’interagir avec le public, avec vous, les Parisiennes. Venez découvrir notre énergie, notre univers. Ce n’est pas seulement un concert, c’est un partage.
On a hâte de connaître votre regard sur notre travail, notre art et notre feu.

Deux femmes, deux voix, une même flamme. Las Panteras rugissent avec grâce. Et leur cri est un chant d’amour, de courage et de liberté.

Eliene Castillo – La voix cubaine aux mille nuances

Chanteuse cubaine au parcours éclatant, Eliene Castillo s’impose comme l’une des voix féminines les plus complètes de sa génération.
Formée au prestigieux conservatoire Amadeo Roldán de La Havane, elle a collaboré avec des figures emblématiques telles que Chucho Valdés, Sylvio Rodríguez, ou encore le quartet Sexto Sentido, avec lequel elle remporte le premier prix du Festival de Jazz de La Havane.

Multi-instrumentiste, Eliene pratique également les percussions cubaines, qui nourrissent son approche organique et instinctive de la musique.
Sa carrière, entre jazz, salsa et musiques afro-cubaines, témoigne d’une curiosité insatiable et d’une personnalité artistique singulière.

Avec Sexto Sentido, elle a enregistré quatre albums et participé à plus d’une vingtaine d’autres projets, aux côtés notamment de Bernard Lavilliers (On the Road Again), Zucchero ou Gilles Peterson.
Installée aujourd’hui en France, Eliene multiplie les collaborations jazz et latines, dont Antoine Tato Garcia et le Steeve Laffont Electric Band, poursuivant son exploration passionnée entre rythmes du monde et voix intérieure.

Martha Galarraga « Martica » – La voix sacrée de Cuba

Née à La Havane dans une famille d’artistes, Martha Galarraga grandit au rythme des tambours sacrés de la Santería et du boléro. Formée au Conjunto Nacional Folklórico de Cuba, elle s’impose rapidement comme l’une des grandes voix du chant afro-cubain.

Son parcours l’emmène d’abord en Allemagne, puis sur les scènes du monde entier aux côtés du pianiste Omar Sosa, avec qui elle collabore pendant plusieurs années. Installée ensuite en France, elle multiplie les projets musicaux entre Europe, Amérique latine et Afrique, mêlant spiritualité, tradition et modernité.

Figure incontournable du chant afro-cubain, Martica a enregistré plus d’une dizaine d’albums, dont plusieurs avec Omar Sosa et Felipe Cabrera.

Las Panteras sera en concert au Studio de l’Ermitage, le 6 novembre

Nouvel Abum : Hasta Cuando.

Musiciens : 

Eliene Castillo & Martha Galarraga : Voix
Guillaume Bouthié : bassiste
Tristan Perrin : Claviers
Eric Flandrin : Batterie

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