Dans le tempo de Manu Masko – ITW – The Celtic Social Club
THE CELTIC SOCIAL CLUB FÊTE SES ONZE ANS DE ROUTE
Une tournée anniversaire bien remplie, un nouveau chanteur venu de Dublin… et surtout un cinquième album qui claque : You Should Know.
Produit par Nick Davis (Genesis, The Pogues, Björk, XTC), l’album capture l’énergie brute du groupe en revenant à l’essentiel : jouer tous ensemble, dans la même pièce, à l’ancienne.
Enregistrés près de Poitiers, les dix titres mêlent voix habitées, songwriting affûté, guitares carillonnantes, violons lumineux et rythmes imparables. Entre tradition et modernité, The Celtic Social Club s’affranchit des clichés celtiques pour façonner une pop internationale nourrie de rock et d’indie-folk.
Quelque part entre The Clash, The Pogues et Fontaines D.C., You Should Know s’impose comme un nouveau départ — évident, puissant, et résolument live.
Rendez-vous à l’Idol Hotel, repaire chic des artistes de passage, décoré de cuivres et de clins d’œil musicaux, où même les murs semblent avoir le sens du rythme.
C’est ici que je retrouve Manu Masko, batteur de The Celtic Social Club, arrivé sans fracas — normal pour quelqu’un qui réserve le bruit à la scène… même s’il lui arrive parfois de hausser la voix.
Installé avec un verre d’eau, patron du tempo, Manu parle musique avec passion, précision et cette énergie un peu sanguine qui fait monter le volume avant de le faire redescendre aussitôt.
À l’Idol Hotel, le décor est posé : quand le batteur parle, le rythme s’impose
INTERVIEW – MANU MASKO
Batteur du Celtic Social Club
Par La PariZienne
Tu es dans la musique depuis… disons longtemps, assez longtemps pour que Spotify n’existe même pas à tes débuts. Quel a été le moment — ou la rencontre — qui t’a fait dire : “OK, ma vie, ce sera derrière une batterie, pas derrière un bureau” ?
Manu Masko :
Six ans. J’ai six ans, je rentre dans une salle de bal et je tombe nez à nez avec une batterie jaune. Ça a fait “ça y est”. Pas plus compliqué.
J’ai eu ma première batterie blanche à 17 ans — ça a mis un peu de temps — et à partir de là c’était parti, je n’ai plus pu arrêter.
Tu as appris tout seul, ou tu as pris des cours ?
Manu :
J’étais vraiment accro.
À 12, 13, 14, 15, 16 ans… une batterie, à l’époque, ça valait un SMIC. Aujourd’hui, c’est un quart de SMIC — ça reste cher, mais ce n’est plus la même histoire.
Donc j’allais dans le garage, je mettais des seaux, je me faisais une batterie. Pour moi c’était sérieux.
Je mettais la radio et je jouais par-dessus.
J’ai appris comme ça.
Quand j’ai eu ma première vraie batterie, je savais déjà à peu près jouer grâce aux seaux. Après j’ai commencé à acheter des CD, un Discman… et je jouais au casque sur les groupes que j’adorais.
On dit souvent que tu es breton… mais tu ne l’es pas ?
Manu :
On dirait, oui, mais non !
Enfin… si “être breton” c’est savoir placer toutes les villes et villages de Bretagne sur une carte, alors je veux bien être catalogué breton.
En réalité, je viens de Niort, dans le Poitou, pile entre La Rochelle et Poitiers.
Mais j’ai joué très longtemps, de 2001 à 2015, avec Red Cardell, un groupe important en Bretagne.
Et depuis 2014 avec The Celtic Social Club, évidemment au cœur des musiques bretonnes et celtiques.
Donc oui, je comprends qu’on me voit comme un “Breton d’adoption”.
The Celtic Social Club fête ses 10 ans… ou plutôt 11. Le groupe évolue, change de voix, explore de nouveaux territoires. Toi, après toutes ces années, comment tu te réinventes sans perdre ton son ni ton ADN ?
Manu :
On avance.
Chaque disque est une nouvelle étape. Ce n’est pas un recommencement : tu gardes un background.
Mais on avance naturellement. Et comme on reste dans une veine indie-folk-rock-celtique, tu ne perds pas ton sens.
Ma philosophie, c’est :
“Je ne sais pas où je vais, mais je sais surtout où je n’ai pas envie d’aller.”
Ça met un cadre. Deux lignes. Et je navigue dedans.
Le batteur, c’est le cœur et le moteur d’un groupe. Tu te sens plutôt Ferrari, cœur qui bat trop vite, ou métronome suisse ?
Manu :
Ferrari dans la fougue, peut-être… Métronome suisse pour la régularité.
Mais au-delà des images, pour moi le batteur, c’est le patron.
Le patron sur scène, le patron du groove.
Tous les grands groupes ont de grands batteurs :
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ACDC → Phil Rudd : il fait poum-shak poum-shak, mais comme personne.
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Les Stones → Charlie Watts : aussi essentiel que Jagger et Richards.
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Police → Stewart Copeland : sans lui, pas de Police.
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Pink Floyd → Nick Mason : une touche unique.
Pas de grand groupe sans grand batteur. Je suis convaincu de ça.
Pourtant sur les photos, vous êtes toujours tout au fond…
Manu :
Oui, mais sur scène, le batteur, c’est un chef d’orchestre.
Tu donnes les nuances : tu peux ralentir, pousser un refrain, redescendre.
Et surtout : tu entends les autres.
Si tu n’entends plus les autres, faut arrêter la musique.
Si ta batterie pouvait parler après un concert, elle dirait quoi ?
Manu :
“J’ai pris un énorme plaisir à faire danser les gens.”
La grosse caisse sur tous les temps, c’est de la transe. Disco, funk…
Et elle dirait aussi :
“Fichtre, je suis fatiguée.”
Vous avez enregistré le nouvel album tous ensemble dans la même pièce, façon old school. Tu préfères l’humain imparfait ou la précision clinique du studio moderne ?
Manu :
Les deux ne sont pas incompatibles.
Mais avec Nick Davis, notre producteur, c’était un retour à quelque chose qu’on avait oublié :
tout le monde dans une pièce, des micros, on enregistre, on mixe. Point.
Un grand plaisir — surtout quand on est accompagné par un vrai bon producteur.
Sur scène, qu’est-ce qui déclenche chez toi l’adrénaline ?
Manu :
Le public.
Un concert, c’est un match de tennis : le premier qui sert, c’est le groupe.
Tu envoies, ils renvoient. Quand l’alchimie arrive, c’est presque un orgasme commun entre scène et public.
Nous, on a la chance d’être très bons en live — donc on trouve souvent cette alchimie-là.
Oui, c’est une addiction.
Beaucoup disent après vos concerts : “Je n’aime pas la musique celtique… mais eux, c’est différent.” Tu le prends comment ?
Manu :
Évidemment comme un compliment.
L’image de la musique celtique en France est souvent… plouc.
Une musique traditionnelle, rurale, mal comprise.
On oublie que les Irlandais ont donné Springsteen, entre autres.
Et puis j’aime bien quand Bono dit :
“Nous sommes un groupe de rock celtique.”
Ça remet les choses en place.
Entre rythmes ancestraux et chaos électrique du rock, où se situe ton plaisir ?
Manu :
Les deux, parce qu’au fond c’est la même chose.Les anciennes mélodies sont liées à la fête, au travail, à la transe.
Le rock aussi.
Phil Rudd et ACDC : capables de jouer la même chose 15 minutes et rendre les gens fous.
Même principe.
Donc : kif kif bourricot.
Qu’aimerais-tu que le public ressente avec ce nouvel album ?
Manu :
Le partage.
Les musiques celtiques sont des musiques voyageuses, brassées, mélangées.
Historiquement, les Irlandais partaient, revenaient, rapportaient des influences.
C’est une musique de partage.
Si tu devais décrire votre son à quelqu’un qui n’écoute que du rap ou que du classique ?
Manu :
“T’es pas curieux, mec ?”
Ça marche comme phrase ?
Sur une tournée, qu’est-ce qui tient le groupe en vie : la musique, l’amitié, ou le stock d’alcool ?
Manu :
À nos âges, l’alcool… c’est plus pareil.
La musique compte, mais on ne parle que de musique.
Alors la réponse c’est : l’amitié.
On passe un temps fou ensemble : bus, repas, route.
On est 10 en tournée avec les techniciens.
Une petite PME du vivre-ensemble.
Le casting d’un groupe, c’est essentiel.
Oui, c’est moi qui m’en charge.
Le nouveau chanteur, comment l’as-tu trouvé ?
Manu :
Dan (Donnelly) est parti fin mars 2022.
C’est comme si le Real Madrid perdait son avant-centre… j’ai mis un genou à terre.
Je suis parti à Dublin.
Il fallait aller là-bas : Sam O’Sullivan, le stage manager de U2, m’avait répété “Va à Dublin”.
J’y suis allé 30 fois.
Quand Dan a arrêté, j’ai su que la réponse était à Dublin.
On a trouvé notre nouveau chanteur, Taylor Byrne, 21 ans.
Nous, on a… cinquante bien passés.
J’ai eu peur du décalage “quinqua qui va chercher une jeunette”, mais finalement il a une culture et une curiosité incroyables. Une vieille âme.
Il lit dans le bus pendant qu’on raconte des conneries en français. Incroyable.
La PariZienne :
On finit avec le test de Nadine. Trois animaux, spontanément.
Manu Masko :
Chat. Éléphant. Tigre… ou léopard.
Pourquoi ?
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Le chat : pour son indépendance. Chez moi, c’est eux les chefs.
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L’éléphant : une puissance posée, une force tranquille qui impose le respect.
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Le tigre / léopard : magnifique graphiquement… mais un peu arrogant. Un connard, au bon sens du terme.
Interprétation :
Le chat, c’est comment tu te vois : indépendant, discret, décideur sans bruit.
L’éléphant, c’est comment les autres te perçoivent : solide, rassurant, force tranquille.
Le léopard, c’est qui tu es vraiment : élégant, charismatique… et légèrement impertinent.
Conclusion officieuse du test :
Un batteur-chat qui mène sans bruit, perçu comme un éléphant rassurant, mais animé intérieurement par un léopard un peu trop sûr de lui.
Bref : exactement ce qu’il faut pour tenir un groupe debout.
Un dernier mot pour La PariZienne ? Un concert à annoncer ?
Manu :
Oui !
Le 12 mars, au Café de la Danse.
Une salle que j’adore : le rapport scène/public est incroyable.RÉSERVEZ VOS BILLETS ! C’EST LÀ
La PariZienne :
J’y serai. Merci Manu.
You Should Know
Avec You Should Know, The Celtic Social Club revient à l’essentiel : jouer ensemble, capter l’énergie du live et la faire vibrer sur disque. Produit par Nick Davis, cet album direct et lumineux mêle tradition celtique, rock et indie-folk sans jamais tomber dans le cliché. Un nouveau départ, franc, libre et terriblement vivant.
LE GROUPE :
Taylor BYRNE : chanteur et guitariste
Goulven HAMEL : Guitares
Manu MASKO : Batteur, fondateur et producteur
Mathieu PÉQUÉRIAU : Harmonica, washboard et groove acoustique
Richard PUAUD : Basse et production
Céline RIVAUX : Violoniste
Pierre STEPHAN : Violoniste
Site officiel de The Celtic Social Club
Site Facebook officiel The Celtic Social Club








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