L’Odyssée Musicale de Christina Rosmini : Une Interview INTIme
Paris, le 14 Décembre 2023
Après avoir été captivée par la performance exceptionnelle de Christina Rosmini au Studio l’Ermitage le 21 novembre 2023, dans un décor époustouflant réalisé par Junior Fritz Jacquet, je voulais absolument rencontrer cette artiste extraordinaire qui avait réussi une prouesse scénique inédite. Son dernier album, INTI, promettait une plongée encore plus profonde dans son univers musical, et je ne pouvais attendre pour en discuter avec elle.
Grâce à Sophie Louvet, son attachée de presse, nous nous sommes donné rendez-vous au Millau, dans le XIIème. Christina arrive en vélo, sa longue chevelure attachée, en jean et en pull blanc, simple et magnifique.
Comme si nous nous connaissions depuis longtemps, nous nous embrassons et tranquillement, nous nous installons à une table.
Rencontre avec Christina Rosmini : Une Artiste Transversale
Christina Rosmini, artiste marseillaise d’origines espagnole, italienne, et corse, se dévoile dans une entrevue exclusive pour la PariZienne.
D.P. : Christina, peux-tu nous parler de ton parcours artistique aux facettes multiples ?
C.R. : Mon parcours est atypique. Initialement formée en danse classique chez Roland Petit, j’ai exploré le flamenco, la danse orientale, et le théâtre. La musique est une affaire familiale, imprégnée par mes origines espagnoles et italiennes. Ayant grandi au sein d’une famille où le chant était constant, j’ai naturellement embrassé cet art. Mon engagement artistique découle de cette diversité, nourri par la danse, le théâtre, et la musique.
D.P. : Qu’est-ce qui a marqué ton enfance et t’a poussée à t’engager artistiquement ?
C.R. : Mes débats familiaux sur l’inné et l’acquis ont forgé ma conviction que nous sommes le produit de notre environnement. Mon engagement est double, mêlant éducation et sensibilité personnelle. Issus d’une famille humaniste, mes parents étaient des militants passionnés. Mon père est un homme politique qui a voué sa vie au tourisme social et à l’éducation populaire, en créant un collectif qui s’appelait « Marseille Fraternité ». Il est même très respecté par ses adversaires. Ma maman, qui s’est envolée il y a quelques années, était encore plus passionnée et plus révoltée que lui.
Ma sensibilité, présente depuis l’enfance, me pousse à ressentir profondément la douleur des autres. Mon engagement est le reflet de cette éducation et de ma propre sensibilité.
D.P. : Quel est ton processus de composition ?
C.R. : Lorsque je compose, une petite partie de la chanson apparaît dans son intégralité. J’entends l’harmonie, visualise les solos et les arrangements. Ensuite, je développe la musique et recherche le texte. J’enregistre constamment des fragments de texte. C’est un processus intuitif et organique.
D.P. : Parle-nous de tes musiciens et de la dynamique de groupe.
C.R. : Mes musiciens sont des rencontres d’âmes.
Xavier Sanchez, (percussions, cajon, batterie, choeurs) m’a été présenté par Manuel Delgado, guitariste flamenco, une personne avec qui j’ai beaucoup travaillé.
Sébastien Debard, (accordéon, bandonéon, accordina, clavier, piano et choeurs) fabuleux.
Bruno Caviglia (guitares, choeurs), mon maritariste, et Bernard Menu, un bassiste qui nous a rejoint récemment car jusqu’à présent, je n’avais pas de basse dans mon projet. C’est aussi quelqu’un avec qui je travaille depuis de très nombreuses années parce qu’il est co-réalisateur de mes albums, j’ai enregistré dans son studio et c’est vraiment un allié.
Ils font partie intégrante de ma famille musicale.
Bien que je sois autodidacte, ils me font confiance malgré leur virtuosité. C’est une collaboration empreinte d’humilité, de générosité et de tendresse, créant une véritable famille artistique.
D.P. : Ta chanson sur le prisonnier (Le Kid) est une déclaration d’amour poignante. Qui était-il ?
C.R. : C’est mon premier amour. Il s’appelait Ange Bonaccorsi. Il était à l’école avec moi, et toutes les filles étaient folles de lui et ça a été un amour très profond, qui a duré trois ans.
Je l’ai aimé avec l’intensité d’un amour d’adulte.
Il venait me chercher à mes cours de danse. Quand il voyait ma mère, il partait en courant.
Étrangement à chacune de ses sorties de prison on se rencontrait par hasard. Il m’avait dit : « Tu es la dernière personne que j’ai croisé avant de repartir pour mes longues périodes d’incarcération »
Et quand j’ai chanté en prison à Paris, cela n’avait strictement rien à voir avec lui. Il y avait 13 ans que je n’avais pas eu de ses nouvelles. Ce soir là, Je m’endors en pensant à lui et au petit matin je vois un message sur Messenger « coucou petite souris c’est moi c’est Ange »
Les âmes connectées…
On s’était promis de se retrouver à sa prochaine sortie de l’ombre, mais malheureusement il est mort quelques jours après sa sortie de prison.
D.P. : As-tu rencontré des producteurs ?
C.R. : J’ai rencontré un très grand producteur il y a 15 jours qui arrête le métier. Il a vendu sa boîte à un géant. Il m’a dit qu’il aurait adoré me signer s’il m’avait rencontrée avant.
Alors c’est sûr, j’aurais pu ressortir de ce rendez-vous avec la boule au ventre mais avant je n’étais pas prête. Je me dis que s’il n’est pas venu avant, c’est que ce n’était pas le moment.
Je me sens aujourd’hui légitime et je l’attends avec beaucoup de ferveur.
D.P. : Si je te dis Marie Laforêt et Joan Baez ?
C.R. : Marie Laforêt a des intonations similaires et une sensibilité espagnole. Lorsque j’étais petite j’écoutais Marie Laforêt. Elle peut faire partie de mes références.
Ha oui, Joan Baez, c’est le tout premier concert que j’ai vu dans ma vie au parc Chanot à Marseille, j’avais 6 ans. Chanteuse populaire et engagée, j’adore. Hispanique parce qu’elle est d’origine uruguayenne.
D.P. : Pour finir, donnes-moi trois animaux avec trois raisons de les choisir.
C.R. :
- L’aigle royal : majestueux, sauvage, et mystique, lié aux peuples amérindiens.
- La petite souris : rusée, attendrissante, adaptable, et une référence affectueuse qui m’est souvent attribuée.
- La colombe : symbole de la paix, pureté, et magie.
D.P. : L’aigle Royal : c’est comment les autres te voient. La souris : c’est comment tu te vois, et la colombe : ce que tu es vraiment. Étonnant, non ?
Propos recueillis par Dominique Planche.
Christina Rosmini sera au Studio l’Ermitage jeudi 21 Décembre !
GALERIE PHOTOS
Couleur d’Orange / l’Autre Distribution
Christina Rosmini : Auteur , Compositeur, interprête , joueuse de scie
Bruno Caviglia : Guitares
Bernard Menu : Basse
Xavier Sanchez : Batterie , Percussions
Sébastien Debard : Accordéon , Bandonéon, Claviers , Accordina .
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